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Date de mise en ligne : dimanche 29 juillet 2007 - 79 144 vues Reggae Sumfest 2007
Pour son 15 ème anniversaire, le Reggae Sumfest a été à la hauteur de sa réputation de « plus grand show reggae du monde ». Créé à l’origine pour concurrencer le mythique Sunsplash, le Sumfest a même causé l’arrêt de son prédécesseur entre 1999 et 2006. Et cette année encore, tous les artistes se battaient pour être sur la scène du Catherine Hall, à Montego Bay. Le public était aussi au rendez-vous puisque le Sumfest n’a jamais atteint un taux de participation aussi important… avec près de 20 000 personnes le premier soir !
C’est la traditionnelle Beach Party qui a ouvert le festival le dimanche 15 juillet. Seulement deux ou trois cent personnes, guère plus, s’étaient réunies pour assister au live de Fab 5, l’un des backing band les plus anciens et les plus connus de l'île. L’ambiance est montée doucement alors que Fab 5 enchaînait les hits : Jamaican Woman, Exodus, Murder she wrote… Tout le monde attendait le Wyclef Refugee All Star Sound System, annoncé dans la programmation, et qui ne montera finalement jamais sur scène. Bizarrement, l’organisation du festival ne programme aucune soirée entre le dimanche d’ouverture et les trois grosses nuits des jeudi, vendredi et samedi soir. Quatre jours pleins pendant lesquels il est bon de se reposer pour se préparer au tumulte jamaïcain. Car ici, les concerts durent jusqu’au petit matin.
Nouvelle scène dancehall
Judicieusement appelée "Explosion", la soirée dancehall du jeudi (la moins chère du programme) est celle qui a rassemblé le plus de monde. Au programme, un véritable marathon musical : 30 artistes programmés et une seule scène, soit 12 heures de musique live non-stop ! C'est vers 21h que la soirée débute avec plusieurs « petits artistes » qui chauffent un public composé essentiellement de jamaïcains, et de quelques centaines de touristes venant des Etats-Unis ou d’Europe. En fonction de leur notoriété, les artistes jouent entre 6 et 45 minutes. Teflon, Merital Family ou Jah Weise ouvrent la voie. On retiendra les prestations de Lutan Fyah et surtout Chuck Fender qui fut le premier à réellement enflammer le public… Au sens propre du terme, car c’est avec des feux d’artifice et des lance-flammes maison (improvisés à partir d’aérosols et de briquets) que la foule a accueilli ses chansons. Ce fut également le premier artiste a appeler publiquement les jamaïcains à ce que les élections se déroulent en paix (Les élections présidentielles auront lieu le 27 août en Jamaïque, ndlr).
Derrière, Gyptian n'a pas de mal à conquérir son public, tout comme Wayne Marshall et Busy Signal. Le trio Voice Mail a apporté un vent de fraîcheur et de créativité en arrivant sur scène avec une troupe de danseurs de rues qui s’est déchaînée sur Dancin’ Fever, Get Crazy et Bembe. Parmi la liste encore longue d’artistes, on retiendra aussi la performance très moyenne de Munga qui a pourtant enchaîné des hits comme Bad from mi born ou Bad like I, trop souvent entrecoupés de paroles inaudibles. Sans oublier une Lady Saw toujours aussi provocante, qui n'a pas manqué d'amuser la foule à maintes reprises en commentant les paroles sexy de ses chansons.
Ninjaman vs Bounty… vs Beenie
Il fallait attendre 2h du matin pour voir arriver les têtes d’affiche. Après un Anthony B impeccable, enchaînant ses hits, ce fut au tour de Baby Cham de séduire les foules avec notamment Conscience et Ghetto Story, révélant sa pleine maturité. A la différence de Vybz Kartel, passé presque inaperçu, Ninjaman est lui monté sur scène en apportant un vent de combat. Défiant publiquement Bounty Killer pour un clash chanté, ce personnage aussi loufoque qu'attachant s’est permis de faire quelques commentaires sur la vie privée du « Général ». Une fois la scène conquise, Ninjaman a fait monter des enfants qui ont chacun envoyé quelques rimes bien calées sous les applaudissements du public. A l'issue d'une performance décevante, Elephant man s'est une nouvelle fois livré à son jeu favori : faire monter des spectateurs sur scène (en l'occurrence un journaliste européen puis un jamaïcain handicapé) et les faire participer à des danses simulant un coït.
Le jour commençait à se lever quand Movado, particulièrement attendu, est monté sur scène. Avec précision et brutalité, il a assené des titres comme Weh dem a say ou Gangsta for life, avant d' inviter sur scène un chœur de gospel pour une version chargée en émotions de Born and raised. Enfin le clou du spectacle : l’arrivée de Bounty Killer en costume de général, saluée par une foule de doigts tendus en l’air prenant la forme de pistolets. Après quelques mots agressifs à l’égard des homosexuels (comme à son habitude), il a fait venir trois jeunes chanteurs sur scène en réponse à Ninjaman. Le public explose et pourtant, il reste un dernier artiste : Beenie Man. Signe que les programmateurs du festival ont le goût du risque, si l'on se souvient de l’affrontement entre les deux artistes lors de l'édition 2006. Et même si le public avait réclamé Bounty Killer toute la soirée, Beenie man a prouvé qu’il était bel et bien le « king of the dancehall ». Habillé d’un costume aux couleurs de la Jamaïque, il a conquis les faveurs du public, allumant briquets et lance-flammes. Et a terminé devant une foule fatiguée mais en délire complet avec son dernier titre, Back it up. Il était quasiment 9h du matin.
Roots, Rap, reggae
Le lendemain soir, rebelote. Mais cette fois-ci le show n’est pas exclusivement dédié au dancehall, avec des artistes issus de pays et d’horizons musicaux différents. En tête d’affiche notamment, le rappeur LL Cool J. Il y en avait donc pour tous les goûts. Mais le reggae avait encore sa place… La soirée "Evolution" a donc débuté pour la partie reggae avec les sets de Christopher Martin, Iley Dread ou encore Daville et son hit de l’été en jamaïque : Always on my mind. L’ambassadrice du soca, l'énergique Alison Hinds, a ensuite réveillé le public avec ses rythmes dansants. Les choses sérieuses peuvent commencer : c'est au tour de Morgan Heritage, particulièrement en forme et inspirés ce soir là, de monter sur la scène baignée de lumière vertes, jaunes et rouges alors que résonnent des titres comme A man is still a man, Don’t haffi dread, So much blood ou Tell me how come.
Après la parenthèse hip hop de LL Cool J, Shaggy a séduit le public en reprenant avec beaucoup d’humour et une forte présence scénique la plupart de ses grands tubes. Enfin, le grand Buju Banton nous a sorti un show superbe. Fouillant dans son répertoire reggae et dancehall, Gargamel a alterné classiques et nouveaux hits : Hills and Valleys, Till Shiloh et le récent Driver. Et le chanteur de Morgan Heritage est même venu partager la scène avec lui pour un dernier morceau. La soirée s'achève sur un long tribute de Fab 5 par Fab 5, avec Chaka Demus & Pliers, Pluto Shervington, Admiral Bailey ou encore Frankie Paul pour les accompagner… tenant la foule en haleine jusqu’à 7 h 30.
Le fils Riley acclamé
Dernier soir… Malgré la fatigue, le public est au rendez-vous pour la soirée "Zénith". Et hormis Mary J Blige, dont on se demande toujours ce qu’elle faisait là, le reste de la soirée était clairement placée sous le drapeau du reggae. Parmi les petits groupes du début, c'est Rootz Underground qui se fait surtout remarquer, délivrant un son roots porté par des percussions des cuivres et la voix particulièrement limpide de son chanteur, Steve Newland (dont on attend toujours l'album solo après son EP magistral sorti chez Makasound fin 2004). Actuellement 2e au charts HypeTV et 4e au Jamaica Weekly Top 30 singles, c'est Tarrus Riley la star de l’été en Jamaïque. Le fils du célèbre Jimmy Riley (à ne pas confondre avec Winston Riley des Techniques) a entonné les titres de son album "Parables", dont les deux succès qui passent en permanence dans tous les bars et sound systems de l’île, She’s Royal et Beware), déclenchant l'enthousiasme du public, avec une petite pointe à l’apparition surprise de Beenie Man sur scène… venu là pour faire un petit pull up sur l’une de ses chansons.
Après le long show de Mary J Blige, le flambeau reggae est repassé dans les mains de l'irréprochable Richie Spice et de ses nombreux musiciens, puis de Beres Hammond qui a livré une performance à la hauteur de son expérience. Toujours présent dans la partie VIP devant la scène, Beenie Man a cette fois-ci été invité par Beres à chanter un titre en duo. Une prestation toutefois beaucoup moins convaincante que celle du premier jour, peut-être due à l’état alcoolisé du roi du dancehall. La descente de scène ne fut d’ailleurs pas des plus aisées… La soirée s’est terminée comme la veille par un hommage à Lloyd Parks et We the people avec Half Pint, Leroy Sibbles et les Mighty Diamonds. Rien que ça !. Cette fois-ci, il était 8h du matin lorsque le silence s’est définitivement fait.
Article écrit par Emilie Darnaud & Nathael Rusch
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