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Date de mise en ligne : mercredi 25 avril 2007 - 28 371 vues

Made in Jamaica à Bourges

Bourges est une ville historique et son printemps, imbibé cette année d’une chaleur estivale, se déroulait dans un cercle concentrique dont la salle du Phénix est la terminaison. Un symbole en ce vendredi soir, alors que la soirée « Made in Jamaïca » programmée pour le lancement de la tournée française -et en préambule d’un film a sortir le 13 juin- se retrouvait justement au confluent d’un concentré d’histoire.

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Il fallait partir tôt, en venant de Paname pour rejoindre cette curiosité, où on annonçait pas moins qu’un plateau truffé de Jamaïcain légendaires – Third World, Bunny Wailer, Capleton - mais aussi Dub Incorporation et Improvisator Dub pour la french touch, et Mystic Revelation of Rastafari pour une grounation nyahbinghi des plus mystiques. Ces derniers inauguraient le bal dans cette tente tentaculaire aux fausses allures de chapiteau de cirque.

Beaucoup, beaucoup de monde. La jauge est pleine, soit près de 6000 têtes. En moyenne ? Des jeunes et des très jeunes… Third World assure véritablement le lancement de cette soirée marathon, où les pauvres Improvisators Dub, passés à l’aube de cette épreuve de fond, n’auront pas été vus par grand monde. Une nuée de teenagers, qui aurait aussi bien pu jeter son dévolu sur la scène rock du lendemain, inonde le dedans et le dehors. Habillés alter, les dreads se mêlent aux cheveux blonds dans une drôle de mixture. Third World assure son final en responsables roots un set pourtant trop souvent ponctué de medley de Bob Marley.

Mieux vaut prendre de la hauteur pour « Dub Inc » : il faut voir le phénomène avec du recul. Toute la jeunesse sautillante de France est là, les attend pour le décollage massif de l’arène. Le groupe salue cette « jeunesse de France » métissée, toute entière tournée vers une forme de réunification. Un show comme on les connaît désormais, bien rodé par des centaines de dates (immortalisées sur leur dernier album en date). Indéniablement le plus bel accueil de la soirée de la part du public. Ça slame. D’en haut, c’est beau.

Capleton est attendu. L’arène se remplit, puis vocifère. La voix rocailleuse retentit. Enturbanné de la tête au pied, tout en vert, l’attitude galvanisatrice, le corps en conquête, le Jamaïcain livre une grosse partition brute. Les cuivres sont restés dehors, mais Capleton est bien dedans. Et la foule le lui rend bien. Un triptyque That Day will come, Jah Jah City, Mashing up the earth, épargné par les habituels pull ups, se charge d'allumer la mèche. Le show restera tout de même très jamaïcain, Capleton faisant danser la foule, chantant longuement accapella (avec ou sans Jah Thunder), et refait même son Wings of the morning de chez Def Jam. Grosse ambiance. Un set d’une heure de grande intensité, adoubée par une salle en liesse et bien remontée. Aucune chanson sujette à controverse, alors que Capleton était placé sous haute surveillance : une association pour les droits des gays/lesbiennes suivait attentivement sa prestation, accompagnée d'un traducteur, d'un huissier et d'un avocat.

Puis c’est l’heure de l’arrivée du patriarche, la grande caution de la soirée, la jointure entre passé et présent, avec un Bunny Wailer superbe, tout en blanc, et des musiciens au complet cette fois. Les cuivres du Solomonic Orchestra font beaucoup de bien. Dépositaire de l'héritage des Wailers, Bunny Wailer nous gratifiera de nombreuses reprises de Bob : entrée sur Rastaman Chant, Nice Time, Trenchtown Rock, Easy Skanking (et même Legalize it de Tosh) avant de revenir pour One Love et Keep on Moving. Pas terrible pour un show de Marley, grincent quelques dents. Mais l'ancien assure le show, appuyant sur la filiation historique du reggae, du ska au dance hall, en passant par le rock steady. Grosse communion, même s’il faut reconnaître que la dimension d’un festival et de cette tournée évènement « Made in Jamaica » peut dérouter les puristes. Toute cette jeunesse a néanmoins le mérite de vibrer dans cette grande allégorie de paix et de partage. Made in Bourges, c'était bien.



Article écrit par Farid Adafer & Sébastien Jobart
Photo : Karl Joseph

Tags : Capleton (135), Third World (35), Dub Inc (78), Bunny Wailer (46), Tournées reggae 2007 (18)

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