INTERVIEW
Interview et photos : Filip Flatau
A l'occasion de la sortie de son nouvel album : Back With a Vengence il était impératif de revenir sur ce dj qui a fait une carrière internationale grâce à ses hits comme "Wake the Man".
Si il a tendance à être oublié sur les nouvelles séries dancehall, il n'a pas dit son dernier mot....
Interview avec Cutty.
Reggaefrance / Peux-tu me dire où es-tu né en Jamaïque ? / Mon père est de St Mary et ma mère est de Manchester. J'ai grandi sans connaître ma mère. La première fois que je l'ai vue c'était lorsque j'ai eu 24 ans et mon père la dernière fois que je l'ai vu c'était quand j'avais dix ans.
J'ai été élevé par ma grand-mère (qui n'est pas ma véritable grand-mère), mais c'est celle qui m'a fait grandir, qui m'a envoyé à l'école... Elle est morte à l'age de 97 ans, je me suis assuré qu'elle ait des grandes funérailles.
Comment as-tu commencé à Dj ? J'ai commencé très jeune dans la musique. Vers l'age de 7 ans je volais des petits cubes de laits en métal à ma grand-mère que je buvais, puis je m'en servais pour me faire un beat en tapant dessus et je chantais ainsi par la même occasion. A l'époque je ne me doutais pas que j'allais être le musicien que je suis aujourd'hui.
Vers 1978-1979, j'ai commencé à bosser en sound system avec Gemini Disco, je suivais des sounds comme Papa Roots, et Killamanjaro et tous les gros sounds de l'époque.
Le début de ma carrière a réellement commencé lorsque je chantais pour un sound qui s'appelait Rebel Tone, puis Speedy Roots avant que j'arrive à chanter pour un plus gros sounds appelé : Music Murgen c'est grâce à ce sound que je me suis connecté avec KillamanJaro.
Après j'ai quitté Killamanjaro et je me suis mis dans les rangs de Sturmar, à l'époque il y avait Yami Bolo qui était encore un enfant, Tenor Saw, Nicodemus, Brigadier Jerry, Josey Wales , tous les vétérans étaient là, je ne peux tous les nommer.
C'est par ces canaux que je suis passé. Puis j'ai quitté Sturmars pour me rendre à Arrows International à l'époque Beenie Man n'était qu'un apprenti, j'ai commencé à chanter aussi bien avant Shabba Ranks.
Peux-tu me dire qui t'a influencé dans la musique ? Josey Wales était mon idole dans la musique et Daddy U Roy et Charlie Chaplin.
J'ai commencé ma carrière en imitant Josey Wales, avant que je crée mon propre style par moi-même. J'avais déjà crée mon propre style assez tôt jusqu'à ce que d'autres personnes viennent me le voler.
Même Beenie Man a appris de moi et ils agissent comme si ils ne s'en rappelaient pas.
Tu vois ce jeune dj : Hawckey et bien c'est moi qui lui ai donné ce nom, et il agit comme s'il ne s'en souvenait pas.
Quand ils deviennent trop big, le succès leur monte à la tête.
Quand tous ces jeunes dj arrivent à un certain stade, ils commencent à oublier d'ou ils viennent.
Beaucoup cherchent aussi à faire une carrière internationale… Oui, c'est ce qu'ils aimeraient faire, mais leurs lyrics n'ont pas de sens... donc ils ne parviennent souvent pas jusqu'à la moitié du chemin.
Et beaucoup de DJ comme Elephant Man piratent les rappeurs aux usa en leur volant leurs flows et leurs gimmicks donc ils ne créent rien de nouveau.
Beenie Man est au top de tous ces voleurs de styles, puisque dès qu'un deejay devient connu Beenie Man copie son flow et fait un titre avec. Il n'est donc pas réel.
Je donnerai plus de respect envers Shaggy parce que ce mec crée ses propres trucs et je donne du respect à Sizzla et à Bounty Killa mais les autres, ils peuvent aller se rasseoir.
Pour revenir à ta carrière quel est le premier producteur qui t'a découvert et pour lequel tu as enregistré ? Le premier producteur a été Winston Riley pour le label Techniques. La première chanson que j'ai faite cela a été Gunman Lyrics, après cela j'ai enregistré : Fishman Lyrics. Et la troisième était Out Of Van et de là j'ai fait connaître mon nom de deejay quand je chantais pour Sturmars et des sounds comme Metromédia m'ont aidé à atteindre un autre niveau dans le son.
La chanson qui m'a vraiment fait connaître et la chanson que j'ai faite pour le label de Shockin' Vibes (le label qui possède Beenie Man dans ses rangs) the Bammer & Come Better, puis le reste de mes chansons ont été enregistrées à Penthouse Records pour le producteur : Donovan Germain, j'ai ré-enregistré the Bammer pour lui et pleins d'autres hits dont des combinaisons avec Marcia Griffiths, Beres Hammond, et Ken Boothe.
Peux-tu me parler de ton nouvel album "Back with a Vengence"...
Tout d'abord pourquoi ce titre ? Et bien cela faisait longtemps que je n'avais pas sorti d'albums et beaucoup de gens l'attendaient et attendaient quelque chose de moi.
Et pour moi cet album est très bon et j'en connais le potentiel...
Mais je n'aime pas parler de mon travail en me vantant comme on dit en Jamaïque :
Self Praises are no recommendation.
Je conseillerai juste aux gens d'aller écouter l'album et de juger par eux même et là ils verront qui est le better man (rires).
Nous devons également parler de ce single (qui n'a rien à voir avec Jammys ou Artist Only ) qui a été produit par Barry York et qui s'appelle Can I touch yu Baby, c'est un titre hip hop et le riddim est joué par Sly & Robbie. Tu connais la chanson avec Shaggy : It Wasn't me ? et bien je pense que "Can I touch yu Baby" a un plus grand potentiel que cette chanson. Cette chanson sera sur mon prochain album également.
Quels seront les particularités de ton prochain album ? Il y aura des combinaisons avec Gregory Isaac, Wayne Marshall, TOK fait les cœurs sur 2 chansons. J'ai une cousine à Londres, qui chante comme Lauryn Hill, du hip-hop, garage et r n' b et nous travaillons aussi ensemble sur quelques morceaux. Chaque titre de l'album est tellement fat qu'ils pourraient sortir chacun en single. J'hésite actuellement entre 2 noms : "Blade" ou bien : "Last Man Standing" . Je n'ai pas choisi encore mais quand le temps viendra, je déciderais.
Que penses-tu du business du dancehall actuellement ? En Jamaïque, les chanteurs se portent bien, il doit y avoir 1 ou 2 deejay qui apportent un message concret. Mais le bizness de la musique est tellement corrompu, ils utilisent le favoritisme et ils proportionnent les artistes qui n'ont pas de messages. Et ils essayent de maintenir d'autres personnes dans le silence. Je suis une personne qui croit en Dieu, et je ne vais pas les juger pour ce qu'ils font... Tant que j'ai un message et que je suis en vie c'est l'essentiel. Les gens sont devenus trop matérialistes.
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