Date de mise en ligne : mercredi 26 juillet 2006 - 23 310 vues Summerjam 2006
Après avoir fêté son 20e anniversaire l'année dernière, le boulimique festival allemand proposait cette année encore une affiche éclectique et particulièrement fournie. Beaucoup de valeurs sûres mais aussi quelques jeunes révélations, tant roots que dancehall, constituaient une programmation propre à contenter tout le monde. En dépit d'une fréquentation en hausse, la configuration du site reste identique avec une petite scène (rouge), une scène centrale (verte) et deux tentes pour les sound sytems, le tout agrémenté des inévitables stands. Comme à chaque édition, cette configuration donne tout son sens au mot sacrifice : il a fallu faire face à des dilemmes pour choisir entre des artistes se produisant presque simultanément sur deux scènes différentes.
Vendredi 14 juillet
Le Summerjam a choisi de consacrer ce premier après-midi sur la petite scène à des groupes et des artistes jamaïcains vétérans. Malheureusement, le groupe Mighty Diamonds, annoncé au programme, ne jouera pas et ne sera pas remplacé. Seul trio vocal jamaïcain à avoir toujours évolué dans sa configuration originale, les Mighty Diamonds offrent habituellement des prestations irréprochables servant un répertoire fait de gemmes de la musique jamaïcaine. Ce sera la déception de la journée.
Ijahman
Notre arrivée sur le site coïncide avec le passage d’Ijahman Levy. Artiste de la grande époque alors que le reggae s'internationalise grâce à Island, il rejoint le label de Chris Blackwell pour une relation éphémère qui produira deux albums classiques "Hail I hymn" et "Are we a warrior". Réalisant depuis sa musique en indépendant, via son label Tree Roots Records, le chanteur à la voix de velours est fort d'une trentaine d'albums depuis 1978 et tourne très régulièrement en Europe. Il interprétera notamment Jah heavy load et Are we a warrior, deux morceaux qui constituent sa signature musicale depuis plus de 25 ans.
The Gladiators
C’est alors au tour des Gladiators de monter sur scène. La formation a changé de visage il y a un peu plus d'un an avec le passage de flambeau de son charismatique leader Albert Griffiths à son fils, Al. Mais lors de leur récente tournée, le père avait montré l'envie de remonter une nouvelle fois sur scène, éclipsant pour quelques temps encore sa progéniture. On s'attendait donc à le voir en Allemagne mais c'est pourtant son fils qui explique d’emblée que son père est absent pour des raisons de santé. Qu’importe, la voix est quasi identique et la magie opère quand même. Reprenant la recette qui fait son succès sur toutes les scènes du globe depuis plus de 10 ans, le groupe joue classique sur classique, reproduisant presque tout leur album anthologique sorti chez Virgin en 1990. Jah works, Hello Carol, Dreadlocks the time is now, Stick a bush, Soul rebel, rien n’est oublié et le public se laisse facilement conquérir.
Alors que le groupe Culcha Candela de Berlin prend possession de la grande scène, drainant un public local massif et enthousiaste, nous décidons de rester du côté de la petite scène pour suivre le concert d’un groupe légendaire du reggae roots : the Congos.
The Congos
Autre trio vocal, autre style. Le reggae rural simple des Gladiators laisse sa place aux constructions harmoniques complexes et mystiques des Congos. Composés de Roy Johnson, Cedric Myton et Watty Burnett, les Congos pourraient se résumer en un seul disque : le chef d’œuvre "Heart of the Congos" enregistré au milieu des années 70 par un Lee Perry au sommet de son art. Après des carrières solos respectives, Roy « Ashanti » Johnson et Cedric « Congo » Myton, les deux protagonistes du groupe, ont annoncé leur reformation via un nouvel album "Cock mouth kill cock". Autant dire que ce concert était attendu comme un petit événement.
Le groupe entre sur les rythmes africains de Congoman et déroule quelques classiques comme Open up the gate ou Children crying. Retrouver de tels titres en live est indéniablement plaisant même si Cedric « Congo » nous semble un peu en difficulté vocalement. Il annonce alors que le groupe va jouer quelques nouveaux morceaux et c’est au détour de l’un d'eux, Singing bridge, qu’on retrouve sa voix unique. La fin du concert nous transporte à l’âge d’or du groupe. Le falsetto incroyable de « Congo » Myton et la voix de ténor d’ « Ashanti » Roy se combinent dans des harmonies magiques de toute beauté. Conquis, nous nous régalons avec les classiques Ark of the convenant, Sodom & Gommorrow et Fisherman qui conclura le concert : Cedric Myton nous avait gardé le meilleur pour la fin et exécute ces derniers titres à la perfection.
Après cette mise en bouche roots, direction la grande scène où se produit le phénomène Elephant Man, en même temps que Tiken Jah Fakoly, nouveau chantre du reggae ivoirien, croisé plusieurs fois en tournée dans l’Hexagone. Les amateurs de reggae africain ont néanmoins répondu présent et se massent devant la petite scène, pour un concert qui commencera une dizaine de minutes avant celui d’Elephant Man.
Elephant Man
Après cette belle après-midi reggae roots, il est temps de rejoindre la grande scène pour ce qui s’annonce déjà comme un des événements de ce Summerjam 2006 : le show d’Elephant Man. Malgré la tombée de la nuit et la légère brise qui souffle sur l’île, l’atmosphère est torride. Le deejay a fait du chemin depuis ses débuts dans le Scare Dem Crew sous la tutelle de Bounty Killer et a acquis une véritable aisance scénique. C’est un show explosif qui s’offre alors à nous, mené à toute allure. Les hits se succèdent inlassablement et sans répit, des plus anciens, qui ont fait la renommée du pachiderme (Shizzle my nizzle, Elephant Message) à certains de ses plus récents (Badman forward, badman pull up, Gangsta rock). La présence scénique et vocale d’Elephant Man est tout bonnement impressionnante et le public ne s’y trompe pas, sautant, dansant et chantant sans interruption, au point qu’un gigantesque nuage de poussière permanent vient rendre l’atmosphère encore moins respirable. Très à l’aise au micro, Elephant est aussi un véritable « entertainer » et prouve qu’il n’a pas usurpé son surnom d’ « Energy God », arpentant la scène de long en large, escaladant les échafaudages, faisant danser et chanter le public. Il convie même sur la scène deux membres du public, un garçon et une fille, pour les initier aux plaisirs des danses jamaïquaines. Mais c’est surtout sa reprise de We are the world, plus remarquablement chantée que jamais, qui déclenche les acclamations de la foule, chantant à l’unisson avec lui.
Article écrit par Benoit Georges & Alexandre Tonus
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Date de mise en ligne : 26/07/2006 
Samedi 15 juillet
Après une première journée qui faisait la part belle aux grands noms du reggae, le samedi mettait lui en avant la nouvelle génération roots puis dancehall en soirée.
I Wayne
Annoncé comme une des révélations de ces dernières années par le présentateur, c’est I Wayne qui est chargé d’ouvrir le bal sur la grande scène ce samedi après-midi. Mais la place est d’abord laissée aux jeunes talents de son crew : I Will, Harmony et Fire Star se succèdent donc le temps de trois chansons chacun sans pour autant déchaîner le public, qui semble quelque peu souffrir de la chaleur accablante. Toutefois, quand I Wayne entre sur scène, la foule se réveille. D’entrée de jeu, on sent qu’il a énormément progressé. Même si son jeu de scène reste des plus minimalistes, sa voix a pris de l’ampleur et de l’assurance. Tous les titres sont remarquablement chantés et sur ses plus gros hits, singles extraits de son premier album (Lava ground, Can’t satisfy her, Living in love), la participation du public est intense. Malgré tout, on n’atteint pas la liesse observée la veille, mais la température élevée et le soleil martelant y sont pour beaucoup.
Morgan Heritage
Morgan Heritage est avant tout une histoire de famille : les fils et filles du chanteur jamaïcain Denroy Morgan ont en effet été bercé par la musique depuis leur plus jeune âge. Ayant grandi aux Etats-Unis, ils se tournent vers la Jamaïque pour enregistrer leurs premiers albums à la fin des années 90. Caractérisé par leur son reggae roots exécuté avec brio et par des influences pop et Rn’B totalement assumées, la famille royale du reggae entre en scène présentée par leur frère cadet du groupe LMS.
Le concert débute de la plus belle façon avec Inna dem ting deh un titre enregistré sur le riddim Superior, de fabrication allemande (label Pow Pow). Le groupe, qui joue sans Una, choriste et clavier, n’oublie pas de rappeler au public ses anciens morceaux comme ce Live up sur l’instru Satta Masagana ou What we need is love. Morgan Heritage se concentre cependant sur des titres issus du dernier album "Full circle" comme Uncomfortable, Hail Rastafari ou Still the same. Ils offrent également un hommage au deejay allemand Gentleman en interprétant Dem gone, accueilli comme il se doit par le public du Summerjam. Le groupe part ensuite dans de longues versions de Down by the river et Reggae bring back love propices aux solos et présentations des musiciens. La fin du concert ne s’essouffle pas grâce aux hits gardés judicieusement pour le rappel, que ce soit les classiques Don’t haffi dread et Liberation ou, plus récents, Your best friend et le superbe How come.
A peine remis de la bonne prestation de Morgan Heritage, nous sommes confrontés à un choix douloureux : Junior Kelly et Luciano jouent en effet au même moment sur les deux scènes. Juste le temps de prendre la température de la petite scène, avec un Junior Kelly déboulant sur le superbe Tough life et nous repartons pour suivre le concert de Luciano.
Luciano
Considéré comme la relève du reggae roots moderne depuis la fin des années 90, Luciano est un artiste très apprécié en Europe, où il est accueilli chaleureusement presque que chaque année. Sa maîtrise vocale, ses textes conscients et son dynamisme scénique garantissent en effet de très bons moments chaque fois que cet artiste souriant foule la scène. Porté par un groupe efficace qui compte notamment l’un des meilleurs saxophonistes jamaïcains, le fameux Dean Fraser, Luciano était accompagné pour toute sa tournée d’Andrew Tosh, fils de l’illustre Peter Tosh, chanteur partenaire de Bob Marley au sein des Wailers.
Après quelques classiques du reggae revisités au saxophone par Dean Frazer, Andrew Tosh entre en scène. La ressemblance vocale avec Peter Tosh est stupéfiante : de fait Andrew n’interprétera que des titres de son père, mais il est bien le seul à pouvoir le faire ainsi. Luciano « the Messenger » ne se fait pas attendre et débute sa prestation tambour battant en enchaînant les classiques Give Praise, One chapter a day, He’s my friend ou Ulterior motive sans temps mort. Malgré quelques problèmes de micro, vite corrigés mais qui altèrent un peu le rendu vocal, l’énergie est au rendez-vous et le public à point. Luciano passe alors à des titres plus récents comme For the leaders sur le langoureux riddim Drop leaf, Silver and gold sur le riddim Hard times et Stay away, morceau bien connu du public allemand (ce titre est produit par le label allemand Germaica) qui déclenche une véritable tempête de sable dans la foule. Luciano appelle ensuite Andrew Tosh avec qui il interprète le hit Legalize it de Peter Tosh, une chanson qui sied au deux chanteurs (Luciano a lui-même déjà enregistré cette reprise). La prestation de Luciano se termine en beauté, avec un medley de morceaux plus anciens qui ont fait sa réputation comme Your world and mine, Hills and valleys ou It’s me again Jah.
Damian Marley
La prestation de l’artiste international de l’année 2005 était très attendue au Summerjam. Damian « Junior Gong » Marley a en effet raflé deux Grammy Awards pour son troisième album, "Welcome to Jamrock". On écoute avec plaisir ses propres compositions comme le très dancehall Khaki suit ou les plus tranquilles Book of life (tiré de "Half Way Tree", son deuxième album) ou Road to Zion enregistré en duo avec le rappeur américain Nas. Damian Marley, s’il reste l’un des artistes les plus originaux de l’illustre famille, ne s’est pas tout à fait émancipé de l’héritage familial : presque un tiers de son concert est ainsi consacré à des reprises de papa Bob comme ce Could you be loved version rallongée et modernisée ou un medley plus classique incluant par exemple Lively up yourself, Bad card, Zimbabwe, Rat race ou Trenchtown rock. Il garde bien entendu Welcome to Jamrock pour le rappel.
Lord Kossity, Chico, Nicky B.
Pendant que le fantôme de Bob Marley plane sur la grande scène, un plateau dancehall de toute beauté s’apprête à envahir la petite scène. Lord Kossity est le premier à se produire. Seul avec son DJ, il n’a cependant pas de mal à s’attirer la sympathie du public et quand ses invités le rejoignent, l’ambiance monte encore d’un cran. Le jeune chanteur Nicky B. est le premier à le rejoindre et sa voix cristalline n’a aucun mal à faire l’unanimité. Quand Chico monte à son tour sur scène, c’est l’euphorie. Le jeune singjay est très apprécié en Allemagne et n’en est pas à son premier passage dans ce pays. Lord Kossity peut d’ailleurs lui en être reconnaissant, car il n’est pas sûr que sa prestation aurait eu autant de succès sans le concours de ses deux amis jamaïquains.
Cecile
Après Tanya Stephens l’année dernière, c’est au tour de Cecile de représenter la gente féminine du dancehall jamaïquain. Révélée par l’excellent Changes, single autoproduit très provocant qui s’en prenait à l’ensemble des DJ masculins jamaïquains, la jeune et sexy Cecile a depuis enchaîné nombre de chansons à succès, dont le très polémique Give it to me, vantant les mérites du cunnilingus dans un pays qui s’érige contre toute pratique sexuelle buccale. Malgré un très bon show et un accueil chaleureux du public, le tout semble manquer un peu de cohérence et on réalise alors l’importance d’avoir un album à soutenir sur scène. Malgré un nombre incalculable de singles, dont certains très bien classés dans les charts, Cecile n’a en effet toujours aucun album à son actif.
General Degree
Vétéran du dancehall, officiant depuis le début des années 90, General Degree a développé un style unique accompagnant des textes souvent drôles et corrosifs mais toujours soignés. Prolifique en single, moins en album, cette forte voix du dancehall a inspiré de nombreux jeunes artistes et reste associée à des hits considérés comme autant de classiques du dancehall jamaïcain. Le General se lance donc à la suite de Cecile et se met en jambe avec des textes relativement récents comme Di music ou Yeah man qu’il enchaîne rapidement. L’atmosphère est plutôt calme dans le public mais après quelques réglages de voix et les premières mesures de Cartoon character, la foule s’électrise. Degree poursuit donc avec les morceaux qui ont fait sa gloire en Jamaïque : l’équivoque Pianist, Bodyguard, Boom boom sans oublier Bag a ting, Traffic blocking ou encore Inna.
T.O.K
Dès leur entrée, les quatre compères se mettent le public dans la poche, arborant chacun un maillot de la Mannschaft, la sélection nationale allemande de football, griffé à leur nom. Adoptant des attitudes qui s’apparentent à celles d’un boy's band, les T.O.K n’en sont pas moins des chanteurs hors pairs dotés d’un véritable talent de comédiens. Leurs prouesses vocales ne se limitent pas au strict dancehall et empruntent aussi bien à la pop qu’au gospel. Les hits se succèdent inlassablement et la liesse qui s’en suit n’est pas sans rappeler l’ambiance du show d’Elephant Man.
Que ce soit sur des titres dancehall tels que Hey ladies et Gal you a lead, ou sur des sons plus reggae comme les excellents Tears et Footprints, les T.O.K n’en finissent pas de ravir leur public. L’ambiance atteint son paroxysme sur l’inusable Shining star, certainement l'une des plus grosses réussites d’un artiste jamaïquain sur une production allemande. On se prend même à s’interroger sur le passage du groupe sur la petite scène quand on voit le monde attiré par ce concert millimétré. La deuxième soirée se finit dans une euphorie similaire à celle de la veille et finit de confirmer l’efficacité des grands noms du dancehall jamaïquain.
Article écrit par Benoit Georges & Alexandre Tonus
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Date de mise en ligne : 26/07/2006 
Dimanche 16 juillet
Dernière journée du festival, le dimanche vient clore le Summerjam sur une note plus "grand public", au risque de décevoir un peu les puristes, mais qui permet de lever le pied en douceur.
Pioneers
Groupe vétéran des années 60, les Pioneers furent avec leur contemporain Desmond Dekker les artisans du passage du rocksteady au reggae. Décédé en mai 2006, à la veille de s’embarquer pour une nouvelle tournée européenne, le grand Desmond Dekker n’est plus et c’est donc très logiquement que les Pioneers lui rendent hommage en interprétant 007 et Israelites, deux de ses hits internationaux. Les Pioneers ont eux aussi connu le succès notamment en Angleterre avec le titre Long shot kick de bucket, qu’ils interprètent avec bon nombres de hits de l’époque.
Third world
Depuis son hit 1865 (96° in the shade) en 1977, Third World a porté au fil des décennies son reggae taillé pour l'international. Emmenée par Stephen "Cat" Coore, la formation a traversé les années 80 et 90 en glanant de multiples nominations aux Grammy Awards, quitte à s'éloigner des standards reggae qui ont animé ses débuts. Les excellents musiciens du groupe garantissent néanmoins un son de première qualité et un reggae sans faille sur des titres comme Reggae ambassadors, qui les caractérise tout à fait ou Cold sweat. Contrairement au soleil assommant qui pèse devant la grande scène, nous nous éclipsons malgré tout pour aller observer l’anglo-indien Apache Indian qui s’apprête à débuter à l’autre bout du site.
Apache Indian
Un autre vétéran prend le relais sur la petite scène, en la personne d’Apache Indian. Originaire de Birmingham, cet indien a su mixer habilement les sonorités de son pays d’origine et de la musique reggae. Le groupe qui l’accompagne est d’ailleurs doté de tablas et autres percussions indiennes donnant cette teinte si particulière aux morceaux, renforcée par ce timbre de voix et cet accent si particuliers qui le caractérisent. Nous assistons à un show très bien calibré, dans la plus pure tradition du reggae anglais : textes sérieux ou humoristiques comme ce Number 1 pon the Bombay charts, Apache Indian ravi son public dont une partie de fans venu tout droit de Birmingham.
Toots & the Maytals
Sous ce titre collectif se cache en réalité une autre grande figure du reggae : Toots Hibbert, fondateur des Maytals en 1961. Le groupe, qui est un des piliers de la musique jamaïcaine, a connu tout comme les Pionneers le bouillonnement musical des années 60 et fut également le témoin de l’évolution des rythmes, du ska au rocksteady jusqu’au début du reggae. L'Histoire retient également que c'est Toots qui, le premier, a utilisé le mot "reggae". Si Toots Hibbert a fait évoluer le groupe dans sa forme, des choristes (dont sa fille, membre des Kingston Ladies) ayant remplacé depuis longtemps les voix masculines, le fond reste identique grâce à un répertoire de titres indémodables qui ont fait le tour de la planète. Visiblement ravi d’être sur scène, Toots apparaît en forme et donne de la voix avec une facilité déconcertante. Le spectacle ne souffre d’aucun temps mort, grâce à une interprétation parfaitement maîtrisée des ses classiques : Pressure drop, Sweet and dandy, Do the reggae, Jungle, Funky Kingston, Reggae got soul et bien sûr le hit 5446.
Saian Supa Crew
Les Français du Saian Supa Crew sont très appréciés en Allemagne : il n’y a qu’à voir le monde amassé devant la petite scène dans l’attente de leur entrée pour en juger. Véritables bêtes de scène, les cinq compères sont là avec un tout nouvel album, dont ils distillent intelligemment quelques titres au gré de leur show. Malgré la barrière de la langue, le public est on ne peut plus réactif et le mélange d’influences hip-hop et reggae fait mouche à tous les coups. Il faut dire que l’Allemagne est grand amateur de hip-hop et sur des tubes tels qu’Angela, on se surprend à constater qu’une bonne partie du public chante le refrain en créole. Ayant commencé le show à quatre seulement, mais sur les chapeaux de roue, en raison du retard de Vicelow, le groupe marque une pause, laissant Sly The Mic Buddah seul sur scène pour une session "beat box" de toute beauté, avant de revenir au complet et de clore le show avec un medley de titres plus anciens. L’énergie développée par le Saian Supa Crew est tout bonnement impressionnante et le public, de plus en plus chaud, le leur rend bien.
Jimmy Cliff
Révélé mondialement par le film "The harder they come" de Perry Henzell sorti en 1972, Jimmy Cliff passe rapidement du statut d’artiste local (il enregistre notamment pour Leslie Kong) à celui de star internationale. Le chanteur entreprend dès lors son voyage musical qui l’éloigne parfois du public jamaïcain, mais reste toujours fidèle à ses racines. Ainsi, malgré des incursions dans la pop et des collaborations prestigieuses, il n’hésite pas, contrairement à nombre d’artistes de son âge, à intégrer la musique jamaïcaine contemporaine dans son spectacle. Il est ainsi accompagné d’une chanteuse qui dynamise le public grâce à des interludes très dancehall rythmés par les derniers pas de danse à la mode. La tonalité musicale correspond donc à un joyeux mélange afro-reggae-pop assez divertissant, ponctué par des hits incontournables tels Hakuna Matata, Ouh la la la ou encore cette reprise de Wild world de Cat Stevens. Côté reggae, les classiques You can get it if you really want et The harder they come seront bien entendu interprétés ainsi que le sublime Many rivers to cross qui n’a pas pris une ride.
Le traditionnel feu d’artifices vient clore cette cuvée 2006. Il faut se rendre à l’évidence, le festival a été cette année encore une parfaite réussite. La programmation des plus éclectiques, l’organisation toujours bien rôdée, le public nombreux et le bon esprit permanent tout au long des trois jours sont autant d’éléments qui confirment que le Summerjam est l’événement estival incontournable pour tous les amateurs de reggae comme pour les autres.
Article écrit par Benoit Georges & Alexandre Tonus
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