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Date de mise en ligne : dimanche 25 février 2007 - 14 954 vues Omar Perry & Jah Mason à Paris
Jah Mason, omniprésent en 2006 ? Pas en singles, en tout cas, puisque seul Most High s'est classé dans les charts jamaïcains l'année dernière. Mais en France, le deejay était presque incontournable. Deux albums coup sur coup, l'un chez VP, l'autre Greensleeves, une scène au Ja'Sound… et un rythme qui ne faiblit pas en 2007 : on attend un nouvel album pour la fin du mois. Rajoutée après le succès de son premier passage, rapidement complet, cette date parisienne devenait le point d'orgue d'une tournée réussie aux côtés d'Omar Perry et des musiciens du Feueralarm Band.
Sur le riddim Promise Land parfaitement joué, c'est un certain H Michael, présenté comme le neveu de Peter Tosh, qui ne s'économise pour donner le coup d'envoi de la soirée. Quatre titres joués rapidement ouvrent la scène pour Omar Perry, qui déboule sur le World a music de Sly & Robbie (repris par Damian Marley pour Welcome to Jamrock). Le fils du sorcier Lee Scratch Perry accaparera la scène pendant une heure, déclinant ses chansons à la perfection, comme le puissant Rasta meditation. Le Blaze Riddim ou le Jonkanoo, deux riddims périlleux en live, sont bien joués, tout comme son morceau sur le Intercom qui soulève la salle. "A Paris, vous êtes les plus proches des Jamaïcains" (!), lance Omar Perry, qui fait beaucoup penser à son père quand il force dans les graves. A le voir ainsi livrer un show impeccable, on a du mal à croire qu'il n'a toujours aucun album à son actif. De quoi attendre avec encore plus d'impatience son premier effort. .
On avait quitté Jah Mason la semaine derrière sur un terrible Hill Vibes, au terme d'un show nerveux et terriblement efficace. Autant dire qu'on attendait beaucoup de lui pour ce retour sur la scène parisienne après une semaine de tournée hexagonale. L'accueil que lui réserve le public est le même : ça tombe bien, le show ne sera pas différent, à l'inverse d'Omar Perry qui a varié ses chansons. Dans la lignée de ce qu'on a entendu au Ja'Sound. Jah Mason entre sur Life is so joyfull chanté depuis les coulisses, et pénètre en trombe sur la scène sur le refrain. Après un Lion Look qu'il affectionne visiblement en live, il se lance dans un set "ganja tunes" avec le difficile Mi chalwa, enchaîné sur High Grade, puis Smoke à cent à l'heure avant de retomber sur un Farmer Man sur le riddim Sick.
La suite va crescendo. Boulimique, Jah Mason enchaîne les morceaux sans prendre le temps de souffler, ce qui n'a pas l'air d'indisposer les Allemands de Feueralarm Band, accompagnés de Steppa au saxophone, tous à la baguette. Le pic du concert est atteint avec Keep your joy et Wheat and Tears. Après Run come love me, et une demi-heure de concert, Mason quitte la scène sur les premières notes de My Princess Gone. Il reviendra la finir, mais la suite s'avèrera plus décousue, Mason interrompant le plus souvent ses chansons à la fin du premier refrain par un sonore et autoritaire "Quiet !" ("silence !") en direction de ses musiciens. Le rythme se fait plus haché : entre deux longs discours, Jah Mason se lance dans un zapping forcené : Burn dem for a purpose, Mama Earth sur le Intercom, Dem Gone et Fire sur le Answer Riddim subissent ainsi un régime sévère, toutes tronquées avant terme.
Seule Hill Vibes, sur laquelle il finit désormais ses shows, durera près de 20 minutes : Jah Mason coupe, recoupe, fait entrer Jamadom sur scène ("Mon frère de Gwadada", avec qui il a enregistré une combinaison la veille), présente ses musiciens, entonne successivement les paroles de Struggle, Never give up, et Who a dem a ramp with, avant que le concert ne s'achève quelque peu brusquement. Plus à l'aise avec son chant et avec son public, Jah Mason a indéniablement franchi un pallier cette année. Il avait marqué les esprits la semaine dernière avec un show tonitruant. Dommage qu'il était, ce soir-là, plus enclin à discourir sur les thèmes de ses chansons qu'à nous les chanter en entier. Si Mason nous avait habitué à des shows concis et dynamiques, dans le style jamaïcain, il lui reste encore un peu de travail pour fournir un show à l’européenne qui soit totalement convainquant sur toute sa durée.
Article écrit par Sébastien Jobart
Tags : Jah Mason (72), Omar Perry (28)
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