Chronique écrite par Nicolas Pradat le vendredi 02 juin 2006 - 24 125 vues
Difficile de s’y retrouver dans la jungle des rééditions des classiques du reggae roots. Cela tient en partie à l’aspect confidentiel des sorties jamaïcaines originales datant des années 70. Qui aurait dit à l’époque que l’album "Rastafari Dub" serait considéré comme un classique 30 ans plus tard et qu’il serait si précieux ? Personne en définitive. Essayons ensemble de comprendre le chemin tortueux qu’il a suivi pour arriver jusqu'à nous.
Ras Michael est né en 1943 à Kingston dans une communauté rasta. Au début des années 70 il possède déjà une bonne réputation dans le milieu musical jamaïcain. A l’époque, le message rasta se développe de façon contagieuse grâce au reggae et à ses textes engagés. Porté par ce nouvel élan, la musique Nyabinghi*, faite de percussions héritée de l’Afrique (le repeater, le funde et la bass drum) trouve peu à peu sa place dans les studios de l’île. Ras Michael enregistre d’abord en tant que percussionniste pour Clement « Coxone » Dodd et obtient comme salaire des séances d’enregistrement chez Studio One. Il produit ainsi ses premiers titres et devient chanteur et leader du groupe The Sons of Negus. En 72, il enregistre et produit dans les studios Dynamic Sounds l’un de ses premiers et meilleurs albums, le fameux "Rastafari". Des versions dub sont alors réalisées pour accompagner sa sortie. L’album "Rastafari Dub" paraît entre 72 et 74 (c’est l’approximation la plus juste) sur un label blanc et en très faible quantité.
Ensuite les choses se compliquent un peu : il ressort en 78 chez Grounation en version showcase (chanson + dub enchaîné). On retrouve cette version en CD (Esoldun-Melodie 92) mais il faut se méfier de cette réédition réalisée à partir du vinyle sans aucun effort pour restaurer le son ! De plus, même si les titres sont du même enregistrement, les dubs sont différents et beaucoup moins bons. Les effets sont plus nombreux, disparates et le résultat final médiocre. Il faudra attendre 89 et la sortie de l’album sur le label ROIR pour enfin atteindre à l’original. Assuré de la qualité de cet opus, ROIR a même décidé de le sortir à nouveau cette année ! Sans fournir le moindre effort du coté du livret. C’est le regret principal que l’on peut avoir. Les crédits sont donnés pour l’album sans détails sur les titres. De plus, rien n’est dit du tracklisting. Le titre New Name n’est pourtant pas présent sur l’album "Rastafari" mais bien sur "Kibir-Am-Lak". Comment est-il arrivé ici ? La même question se pose pour No happens.
Cependant, cela n’entache en rien la qualité musicale de l’opus. Cet album reste essentiel dans l’histoire du dub car il est au fondement de la rencontre entre le reggae et la culture Nyabinghi. Les percussions de Ras Michael glissent avec bonheur sur une basse-batterie sèche et solide comme le rock. L’approche dub est sobre et groovy. Elle laisse la part belle aux musiciens présents dont Robbie shakespeare à la basse, Peter Tosh à la guitare wah-wah et Tommy McCook au Saxophone ténor. Les cœurs des refrains et les riffs de cuivres se noient dans l’écho et ponctuent avec légèreté la marche martiale de la rythmique. Ces enregistrements ont la force et la fraîcheur du live. On pense ici aux morceaux des Wailers présents sur l’album "Talkin’ Blues" qui furent enregistrés live pour une radio américaine a la même époque (Saucalito, San Francisco, 73) Dans les deux cas, le son est sec, presque funky. Jamais par la suite dans l’histoire du reggae on ne retrouvera associées de la sorte subtilité et efficacité.
• Nyabinghi : Il s’agit du rythme traditionnel rasta. Il accompagne les « Grounation » : des transes musicales où on loue avec force l’empereur. Attroupés sur le haut des collines (« Up In The Hills ») les musiciens et les convives se relaient jour et nuit pour entretenir la cérémonie.
3 réactions
le patriarche du reggae ce titre.. son trop léché et qui a inspiré énormément de gens comme les congos ac heart of the congo. Franchement faudrait qu'il repasse en France ce type sa ferait du bien à tt les fans de capleton et sizzla d'entendre un peu la fondation revenir
Une tuerie !!!!
pas mal
REACTIONS
3 réactions
Appréciation générale :
le patriarche du reggae ce titre.. son trop léché et qui a inspiré énormément de gens comme les congos ac heart of the congo. Franchement faudrait qu'il repasse en France ce type sa ferait du bien à tt les fans de capleton et sizzla d'entendre un peu la fondation revenir