Tracklist :
1. Be my lighthouse
2. To be free
3. More is insane
4. Run them away
5. Use your head
6. Devious woman and man
7. Memories
8. Vice of my enemy
9. Man next door
10. No longer
11. Purify your heart
12. Hauting ground
13. The need to live
14. Can't take it easy
Chronique écrite par Benoit Georges le mercredi 21 mars 2007 - 8 515 vues
Rééditions un peu tardives, "Rub-a-dub" et "The need to live", compilations de dubs pour l’une et de singles pour l’autre, rendent un hommage posthume au chanteur, producteur et parolier Bim Sherman, pilier du label anglais On-U Sound d’Adrian Sherwood.
Né en Jamaïque, Bim Sherman a fait la première moitié de sa carrière dans l’île. Comme beaucoup d’autres chanteurs, il a tenté sa chance auprès de différents producteurs avant de financer lui-même ses enregistrements, un choix risqué qui à l’époque mène rarement à une carrière internationale.
La compilation "Rub-a-dub", réalisée alors que Sherman était encore vivant propose donc de revenir sur cette époque avec des versions dubs de singles jamaïcains, dont les originaux sont d’ailleurs majoritairement disponibles sur la compilation "Love forever", déjà sortie en 1999. Comme son titre l’indique, les dubs présents fleurent bon le son de la fin des années 70 et du début des années 80. Les studios (Randy’s, Channel One, Tubby’s) et les musiciens (Soul Syndicate, les Gladiators ou les Roots Radics) «loués» pour ces sessions sont des valeurs sûres du moment. Le résultat nous offre sans mal un reggae de bonne facture (malgré l’utilisation excessive des «claps» sur certains dubs) : quelques riddims connus sont aisément reconnaissables, comme le riddim General, ainsi que des versions de titres devenus classiques tels I know ou Whole world, où la voix de Bim Sherman apparaît par intermittence. Seul intrus, Beyond the hill, une version hip-hop old-school, n’a que peu d’intérêt en soi parmi une sélection roots.
"The need to live" présente quant à lui des morceaux rares, des versions inédites et autres remixes, balayant près de 15 ans de collaboration de Bim Sherman avec On-U Sound. Le résultat est très hétérogène avec plusieurs types de sons.
D’une part, du rub-a-dub bien digitalisé et dubbé comme Be my lighthouse, To be free ou Run them away. Plus déroutant, la compilation laisse la part belle à des titres plutôt électro-dub comme The need to live, More is insane ou une reprise électro de Man next door, dont on ignore si elle est pré ou post Massive Attack : si ces sons étaient précurseurs dans les années 90, ils ont pourtant moins bien vieilli que le bon vieux roots. Le titre le plus réussi dans ce registre reste sans doute Can’t take it easy, reprise de Gregory Isaacs qui résume à lui seul la quintessence du son d'Adrian Sherwood.
Les versions acoustiques produites par le guitariste Skip McDonald et qui serviront de trame à l’album Miracle (chef d’œuvre acoustique et dub réalisé avec le Bombay String Orchestra) sont par contre incontournables et particulièrement rafraîchissantes : l’alchimie entre guitare, percussions et tablas, souligné par un traitement dub discret, fonctionne à merveille sur Use your head, No longer ou Purify your heart une superbe reprise de Johnny Osbourne.
The need to live propose enfin quelques titres reggae plus classiques mais tout aussi intéressants comme Memories ou Vice of my enemies.
Si nous n’avons pas parlé de la voix de Bim Sherman c’est qu’il y a peu à redire dans ce domaine : chaleureuse et douce, elle se pose avec légèreté et invite même à la méditation sur certains titres.
Les amateurs de dub, de son anglais ou de voix reggae trouveront donc leur compte dans ces deux compilations au contenu varié. L’auditeur curieux pourra en outre se référer à la compilation "Love forever" pour un panorama plus complet sur cet artiste méconnu disparu en 2000.