C'est une pratique aussi vieille que la naissance de la radio en Jamaïque : la payola, la rémunération des radios pour diffuser en priorité certains titres et augmenter ainsi l'impact médiatique.
Surtout pratiquée aux USA dans les années 50, mais considérée comme une forme de corruption, la payola a perduré en Jamaïque, alliée à diverses menaces. A ses débuts Bob Marley, employait un ton persuasif pour se faire diffuser par les radios. Plus récemment, en 2005, Irie FM avait décidé de retirer tous les titres de Jah Cure de sa programmation : la station avait reçu des menaces de mort pour jouer l'artiste plus souvent (news du 09/11/2005).
La Broadcast Commission (l'équivalent jamaïcain du CSA en France) souhaiterait y mettre un terme, rapporte le Jamaican Observer, en criminalisant sa pratique et en fixant de fortes amendes.
Longtemps décriée pour biaiser les charts et construire des notoriétés aussi soudaines que fragiles, la payola était également accusée de tirer l'artistique vers le bas. Faux, a récemment assuré Dennis Howard lors d'une conférence organisée par la Broadcast Commission.
Dennis Howard (qui s'était illustré en déclarant la mort du dancehall, news du 21/09/2010), a minimisé l'impact de la payola sur la qualité des productions actuelles. D'abord car cela "présupposerait que les bons artistes n'y ont pas recours", ce qui n'est pas le cas.
Surtout, parce que la consommation de la musique a évolué. La technologie a libéré les auditeurs de l'emprise des radios et des classements du type Top 50 : "Les jeunes sont complètement immergés dans les technologies et les téléphones portables. Ils ne comptent pas sur les médias pour déterminer ce qu'ils vont écouter. Les médias traditionnels sont relégués en bas de la liste. Youtube, Facebook, Last-FM et Outaroad sont les principales plateformes. Les jeunes font leur propre choix."