TIKEN JAH FAKOLY

CHRONIQUE

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Chronique écrite par Sébastien Jobart le mardi 10 juin 2014 - 9 460 vues On le voit avec un immense porte-voix sur la pochette, entouré d'enfants dans une rue de Bankoni, un quartier populaire de Bamako. "Dernier Appel" s'adresse aux Africains, je leur demande de prendre leurs responsabilités", nous confiait Tiken en interview. Un discours qu'il n'a de cesse de répéter depuis ses débuts. Déjà plus de dix ans qu'il a été récompensé d'un Victoire de la musique pour son album "Françafrique". Comme ses prédécesseurs, "Dernier Appel" est un nouvel assaut de l'inlassable agitateur, alertant sur la situation en Afrique et invitant à provoquer son destin. Même si "Dernier Appel" est le fruit de la même équipe (réalisateur compris) que le précédent album, "African Revolution" (disque d'or en France), il marque un retour à un reggae percutant et direct. Pour autant, Tiken Jah Fakoly ne se prive de la couleur africaine si marquée sur "African Revolution" : balafon, sokou, kora ou kamélé n'goni rejoignent ainsi grosses basses, cuivres et skank, dans une profondeur très appréciable : sûr que les fans de la première heure apprécieront ce recentrage. "C'est le dernier appel du vol Africa" : c'est avec ce puissant slogan que débute l'album sur la chanson-titre, Dernier Appel, co-écrit avec son ami Mike d'Inca (Sinsemilia). Cuivres et guitares convergent pour ce rapatriement intimé avec conviction. "Nous les Africains nous voulons tous le paradis mais personne ne veut payer le prix", assène Tiken sur Le prix du paradis, au ton aussi péremptoire que la ligne de basse. Ces thèmes familiers peuvent parfois donner le sentiment de tourner en rond. L'Afrique ("Quand l'Afrique va se réveiller, ça va faire mal") n'évite pas l'impression de déjà-entendu - en mieux - sur "Coup de Gueule" (Ca va faire mal). A l'inverse, quand il reprend Tata de son album "Cours d'Histoire" (en 1999), ce superbe hommage à la mère de sa fille est magnifié par sa réorchestration guitare / percussions / balafon. Comme pour mieux souligner l'impératif du rassemblement, quatre titres de "Dernier Appel" font appel à des renforts, là où "African Revolution" n'en proposait aucun. Diaspora matérialise la réconciliation avec le grand frère Alpha Blondy, qui lui rend la pareille après sa participation sur l'album "Mystic Power" sur ce morceau emblématique où les deux artistes appellent (en anglais) la diaspora à jouer son rôle dans la transformation du continent. Les duos avec Patrice (Too Much Confusion et ses violons) et Nneka (Human Thing au refrain poussif) ne disent pas autre chose. Tiken réunit même les deux ensemble sur la reprise du medley de Max Romeo qui enchaînait son hit War ina Babylon avec Give Peace a Chance, l'hymne pacifique de John Lennon. Ces duos chantés en anglais pourraient ajouter à la résonance internationale de ce dernier pavé d'un infatigable militant. Tiken rêve qu'un jour, l'Afrique refuse des visas aux Occidentaux. D'ici là, il n'est pas interdit de rêver avec lui. Pull Up : Tata Dernier appel Le prix du paradis

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