Round 1
Date de mise en ligne : jeudi 24 mai 2007 - 16 056 vues Guiding Star vs Heartical
Retour sur le duel entre Heartical et Guiding Star. Après avoir répondu à nos questions, Sir Jo et Jacob se sont donc retrouvés sur scène samedi 12 mai à Vernouillet. Revivez cette confrontation grâce à notre compte-rendu intégral.
Arrivé à la Scène à Vernouillet bien avant le début des hostilités, après ce qu’il faut bien appeler un petit périple, j’observe la salle qui se remplit lentement alors que Kawulé procède au warm-up. C’est ensuite au tour du sound Stand Tall de prendre place derrière les platines : avec Mad Killa à l’animation, le selector Polino propose un juggling de dubplates, puis une sélection plus dancehall. Après cette session bien menée, le sound vétéran laisse la place à un défilé de mode en musique et en danse, qui regroupe le public devant la scène. Les artistes prévus (Daddy Mory excepté) arrivent à leur tour et interprètent chacun un ou deux morceaux rapides.
C’est enfin l’heure du clash. Chine, qui aura pour rôle d’arbitrer la rencontre, rappelle quelques règles fixées pour ce duel : pas de 45 tours, pas de dubplates francophones. Il procède au tirage au sort qui désigne Heartical pour débuter les hostilités.
ROUND 1 (20 min.)
Heartical
Accompagné de Mr Tam, Sir Jo entre en scène et chauffe la salle en français. Il ironise sans perdre de temps, affirmant que Jacob a besoin d’un peu de promo à l’international. Assurant seul l’animation et le mix, Sir Jo débute son premier set par un a capella de Lukie D, avant d’enchaîner sur le riddim Intercom toujours avec Lukie D, puis Queen Omega. Il lance ensuite le riddim Fade away avec Glen Washington puis Million Stylez.
Heartical revient pourtant rapidement aux styles qui font sa force : Sir Jo place un dub de Toots, 54-46, puis de Marcia Griffiths, Feel like jumping, en version clash. Il reste dans les classiques avec le regretté Justin Hinds et son hit Carry go bring come, qu’il enchaîne avec Capleton, Hit maker, sur le même riddim : un dub osé et original.
Il faudra cependant attendre Sizzla pour son Like mountain sur le riddim Duppy conqueror, pour voir le premier forward conséquent. Sir Jo parvient à conserver cette dynamique grâce à un dub « regular » de Bushman, sur le riddim Hypocrit et la reprise du titre original. Heartical ravit ensuite les amateurs de fast style avec le titre historique de Papa Levy Mi god mi king et passe à Junior Reid avec One blood (mixé avec une intro des Skatalites) et Fit que Sir Jo adresse à Jacob, justement blessé au pied.
La sélection se fait ensuite plus digitale avec le Tempo original d’Anthony Redrose, le riddim Agony avec Pinchers et Burro Banton, Dangerous de Courtney Melody, et enfin le Stalag de Jammy’s avec Johnny Osbourne et Wayne Smith. Ce segment est clôturé par une combinaison entre Johnny Osbourne et Major Mackerel sur le riddim Love punany bad.
Il ne reste que quelques minutes à Heartical pour finir son round : le sound en profite pour finir fort avec Collie Buddz pour son Come around version clash et Capleton, Toppa ting, qui offre à Heartical l’occasion de son premier pull-up.
En alternant dubs classiques et versions plus modernes, Heartical aura fourni un bon travail sur ce round introductif.
Guiding Star
Jacob monte au front avec ses béquilles et commence à animer en anglais, accusant au passage Sir Jo d’avoir violé une des règles implicites du clash. Balo s’installe aux platines et lance le fameux Robert Lee, Bang bang, en version nominative. Le public réagit aussitôt, de même que sur le dub suivant de Don Carlos. Guiding Star essaye d’enchaîner les morceaux le plus rapidement possible : ceux-ci sont d’ailleurs bien connus comme Culture avec See dem a come, Errol Dunkley pour Black cinderella et Movie star, et Leroy Sibbles avec To the top. Peut-être dépassé par la chaleur des réponses, le sound semble même un moment désorganisé. Il poursuit cependant sur le même rythme avec un passage obligé sur le riddim Guiding star sur lequel figurent Mike Brooks et les Heptones, Michael Rose ou encore Glen Washington. Toujours dans le style « foundation », Guiding Star lance Alton Ellis Breaking up et deux Ken Boothe classiques. C’est ensuite au tour de Clinton Fearon et de U-Roy avec la reprise de Soul rebel, adaptée en « sound killa ».
Il s’agit ensuite de contrer Heartical avec une counteraction de Glen Washington sur le riddim Fade away. Le public reste très réactif sur la sélection de Guiding star et souligne le très bon Long long time de Jah Mali, puis Chronicle en nominatif, pour le premier pull-up de ce round. Balo enchaîne ensuite avec Morgan Heritage sur le riddim Java, puis avec un autre Morgan Heritage, Glen Washington, une combinaison de Mikey General et Luciano et enfin Sizzla No other like Jah, le tout sur le riddim Duppy conqueror. L’ambiance reste soutenue et s’enflamme littéralement lorsque Guiding Star place Sizzla, Rise to the occasion sur le riddim Ease up. Le sound poursuit sur le même riddim avec un medley de Sizzla d’une efficacité redoutable : le titre original de Linval Thompson et Luciano passent d’ailleurs presque inaperçus après ce dub. Guiding Star décide de clore le round sur le riddim Doctor’s darling avec Luciano et le hit de Tanya Stephens. Jacob demande alors de jouer Gregory Isaacs sur le riddim, mais Balo ne semble pas trouver le morceau. A défaut de Gregory, ce sera donc Tanya Stephens en version acoustique. Jacob quitte la scène visiblement vexé. Malgré ce cafouillis de fin de round, Guiding Star aura pourtant bénéficié de forwards continus sur l’ensemble de son set.
Article écrit par Benoit Georges Photos : Nicolas Lé
Tags : Soundclash (89), Sound system (191)
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Round 2 & Round 3
Date de mise en ligne : 24/05/2007 Guiding Star vs Heartical
ROUND 2 (20 min.)
Heartical
Sir Jo se trouve confronté à des problèmes de son à l’ouverture du second round. Toujours en français, il donne enfin le coup d’envoi de son set avec une counteraction nominative de Errol Dunkley. Il s’attaque ensuite au U-Roy de Guiding Star avec sa propre version, « run for cover, qui s’avère finalement peu convaincante. Heartical poursuit ensuite avec Gregory Isaacs, Night nurse, qui était justement celui que Guiding Star cherchait pour conclure le round.
Sir Jo interrompt sa sélection et rappelle à juste titre qu’un sound japonais est titulaire du nom Guiding Star depuis 1994. Sur le riddim du même nom, il lance alors un speech enflammé du sélecteur du Guiding Star japonais : la version est assez drôle, même si cet argument avait déjà été utilisé contre Guiding Star. Sur un de ses riddims maison, le Slaving, Sir Jo enchaîne avec le titre original de Lloyd Parks et Barrington Levy, Murderer, puis une combinaison de U-Brown et Sister Carol.
Plus classique, le Johnny Osbourne sur le riddim Truth and rights introduit Richie Spice pour un bon forward et enfin Bounty Killer pour Seek god. Sous la pression du public, Heartical rejoue le morceau une deuxième fois.
Le sound passe ensuite à une thématique Studio 1 avec Jah Mason, Princess gwan, sur le riddim Tribulation, puis sur le Real rock avec Willie Williams, The Silvertones et un bon Capleton.
Sir Jo pose un autre Capleton sur les platines, Small world sur le Drop leaf, puis Chuck Fender, Dash dem, un bon dub, qui bizarrement ne soulève pas l’enthousiasme du public. Heartical poursuit cependant dans le « new-roots » avec un dub d’Anthony B, Police, puis Junior X.
C’est finalement la version nominative du Wicked de General Levy qui réveille le public, ainsi que l’énorme Predominant de Vybz Kartel sur le Sleng teng. Sir jo clôture son round sur le même riddim avec son hymne « three the hard way » : Shabba Ranks, Johnny Osbourne et Wayne Smith.
Les réactions du public auront été assez inégales sur ce round : si certains dubs ont été soulignés à leur juste valeur, d’autres sont passés presque inaperçus malgré leur qualité.
Guiding Star
Jacob revient sur les accusations de Sir Jo et rappelle qu’un sound de New York appartenant à DJ Red Alert est aussi titulaire du nom Heartical. L’argument porte même s’il est un peu limite (Red Alert a effectivement enregistré des versions spéciales sous le nom d’Artikal mais uniquement pour son émission de radio « Artikal one »).
Guiding Star lance son set avec un Let it be, classique a capella de Lukie D, puis enchaîne avec Buju Banton, Murderer et sur le riddim Heavenless avec Capleton, Mi deh ya et Tristan Palma Entertainment. Ils poursuivent cette sélection assez classique avec Barrington Levy, Intercom et Ras Shiloh.
Le sound part ensuite dans le « new-roots » sur le riddim Triumphant avec Lukie D, Gyptian et une combinaison Perfect et Norris Man. Le segment est particulièrement bien accueilli par le public. Guiding Star continue alors avec Handcart boy de Perfect, puis avec le riddim Jah glory pour Ruler de Jah Mali et la combinaison Mr Flash et Fantan Mojah. Jacob rappelle, toujours en anglais, que Guiding Star a été un des premiers sounds à jouer Fantan Mojah en dubplate. Il en fait la preuve avec Fantan Mojah sur le Drop leaf, enchaîné à Bounty Killer, puis avec un autre Fantan Mojah, cette fois-ci sur le Season et mixé avec Natural Black.
Relativisant le palmarès de Heartical, Jacob annonce une counteraction et lance Collie Buddz en nominatif puis Shabba Ranks sur le même riddim. Le dub récolte un gros forward, obligeant Guiding Star à le rejouer.
C’est ensuite Beenie Man qui ouvre la session dancehall sur le riddim Foundation avec Come again puis TOK et enfin Bounty Killer avec Bullet. Le public est très réceptif à cet enchaînement et demande un pull-up sur le Bounty. Guiding Star continue donc dans cette voie avec une version nominative de Miss fatty de Million Stylez puis avec Mr Peppa pour Hypocrits, Gangsta guerilla sur le riddim Sidewalk et enfin Frisco Kid sur le même riddim. Guiding Star voulait terminer son round sur le Stage time, mais le son est coupé avant le début du morceau.
En axant ce round sur le new-roots et le dancehall, Guiding Star a offert une belle démonstration et a pris nettement l’ascendant sur son adversaire.
ROUND 3: STRICTLY VOCALS - NO CURSING (15 min.)
Heartical
Chacun sait que ce round est plutôt un atout pour Heartical et on s’attend à ce que Sir Jo inverse la vapeur. Il part avec Pinchers, Bandelero, et propose deux Ken Boothe coup sur coup: Speak softly love version clash, sur l’instru originale du Parrain, et Moving away. Heartical joue ensuite Marcia Griffiths puis une combinaison Marcia et Bob Andy sur le riddim Unchained. On notera également le superbe Riding for a fall de John Holt et Two face rasta de Cornell Campbell. Le classique Chase the devil de Max Romeo fait son effet ainsi que Little Roy pour le Taxi original.
Sir Jo poursuit avec Alton Ellis, Rocksteady, Sugar Minott, puis deux dubs de Steel Pulse dont l’excellent Rally round qui sont bien accueillis. Il connaît alors quelques problèmes de micro qui gâchent la fin du round. Celui-ci se termine par Antonio My love is your love.
Guiding Star
Guiding Star revient sur scène et débute son set par une reprise de Smooth operator de Sade par Robert Lee : le refrain met longtemps à arriver mais celui-ci a été transformé en « suck your muma ». Son effet est dévastateur. Si Heartical a joué plutôt “foundation”, le sound mise sur le early digital avec Admiral Tibet, Serious time, John Holt, Stealing, puis Frankie Paul enchaîné à Johnny Osbourne sur le riddim Cat Pow. Sur le riddim Death in the arena, Guiding Star poursuit avec Johnny Osbourne pour Gangster sound et King Kong. Restant dans la thématique Jammy’s, Guiding Star joue le riddim Tonight avec Turn on the heat d’Eccelecton Jarrett et Too young de Cocoa Tea. La sélection continue avec Cocoa Tea sur le riddim Rope in enchaîné avec Cornell Campbell et Freddie McGregor. C’est ensuite au tour de Beres Hammond avec Come down father puis un Beres sur le riddim Mr Bassie où figurent également Horace Andy et Barrington Levy pour Teach the youth. Guiding Star conclut enfin son round avec Chronicle en nominative sur le riddim Truth and rights et Michael Rose sur le Cuss cuss.
Article écrit par Benoit Georges Photos : Nicolas Lé
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Round 4 & Dubfidub
Date de mise en ligne : 24/05/2007 Guiding Star vs Heartical
ROUND 4 (10 min.)
Heartical
Sir Jo débute le dernier round avec un dub de Norma Fraser nominatif, The first cut is the deepest, puis Joseph Cotton, là aussi nominatif et Bounty Killer avec Sufferer en version clash. Son set est cependant handicapé par des problème de son récurrents. Heartical joue Shabba Ranks sur le riddim 007 et poursuit avec Rebellion, We must rebel, puis par son riddim maison, Promise land, avec Al Campbell et General Levy en nominatif. Il enchaîne sur le Sleng Teng avec un autre « three the hard way » nominatif combinant Wayne Smith, Terry Ganzie et Major Mackerel. Le dub est malheureusement interrompu par Chine qui veille au respect du chronomètre.
Guiding Star
Jacob remet la pression traitant Sir Jo de « pussyhole ». Guiding Star débute son set sur le riddim Stalag avec Barrington Levy, puis une combinaison entre Admiral Tibet, Frisco Kid et Merciless. Le sound poursuit dans le bashement avec le riddim Come down sur lequel se posent Shinehead, qui fait réagir le public, Beenie Man, Spragga Benz et enfin Shabba Ranks.
Guiding Star continue dans la même veine avec le riddim Fresh pour Junior Cat, Cobra et Derrick Parker, Buss the place, puis avec le riddim Punany pour un dub nominatif de Lady Junie. Guiding Star finit son dernier round par du lourd: Elephant Man sur le riddim Stage time pour Inna your nose, un autre Elephant sur le Tixx, Anything, et Sizzla Get to the point. Le sound laisse un public chauffé à blanc et se prépare au dub fi dub.
DUB FI DUB (15 dubs)
HEARTICAL : Johnny Osbourne, “No guiding star”, nominatif
GUIDING STAR : The Meditations et Ranking Joe
H: The Jamaicans, Bababoom
GS: Brent Dowe, Rivers of Babylon
H: Ken Boothe, Winner
GS: Mighty Diamond
H: The Abyssinians, Satta massagana
GS: Third World, 96 degrees
H: The Silvertones, Smile
GS: Lloyd Parks, Kung fu fighting
H: Yabby You, Conquering lion
GS : Beres Hammond et Admiral Tibet, One dance can do
H : The Gaylads, Hard to confess
GS : Gregory Isaacs, medley
H : Gregory Isaacs, Can’t cross the line
GS: Gregory Isaacs, Rumors
H: Gregory Isaacs, My number 1
GS: Brent Dowe & John Holt, medley
H: Cornell Campbell et Joseph Cotton, Tricks in the book
GS: Max Romeo, Three blind mice
H: Max Romeo, One step forward
GS: Leroy Sibbles
H: Norma Fraser, Respect
GS: Mike Brooks, nominatif
H: Little Roy, Tribal war, nominatif
GS: Third World, Reggae ambassadors, nominatif
H : Anthony Ellis
GS : Alton Ellis, Shame
Sir Jo remercie le public avant le dernier dub et joue Steel Pulse, Stepping out, nominatif. Guiding Star réplique avec Marcia Griffiths et Bob Andy.
A l’issue de ce long dub fi dub, Chine propose une méthode de vote originale, consistant à séparer la salle en deux camps. Le résultat apparaît sans ambiguïté et confirme la tendance générale du clash : Guiding Star est déclaré vainqueur et s’empare du trophée.
Les deux sounds ont offert un beau spectacle, en proposant deux styles de jeu assez différents. Heartical, qui a été dominé sur la plupart des rounds, a failli inverser la tendance sur le dub fi dub. Alors qu’on prévoyait une lutte âpre sur les dubplates foundations, la différence entre les deux sounds s’est surtout faite au niveau des segments dancehall et new-roots, où Guiding Star a su tirer son épingle du jeu. Ce choix dans la sélection, ainsi que l’approche plus juggling de Guiding Star correspondait sans doute plus aux attentes du public parisien.
Plus d'informations sur les sounds :
http://www.myspace.com/hearticalparis
http://www.myspace.com/guidingstarsound
Article écrit par Benoit Georges Photos : Nicolas Lé
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