Focus
Date de mise en ligne : mercredi 21 janvier 2009 - 17 101 vues Bilan 2008
Si elle ne restera pas comme une année musicalement inoubliable, 2008 n'en a pas moins offert son lot de réussites, de découvertes et de déceptions. Tour d'horizon.
Vybz Kartel : Si le premier semestre 2008 était pour Mavado, la fin de l'année fut pour Kartel. Et ça n'est pas prêt de s'arrêter : alors que Ramping Shop, en duo avec Spice, marche très fort, on attend un album chez Stephen McGregor ("The Teacher's back") et un autre à venir chez Chimney Records.
Mavado : Un seul vrai hit cette année (So Special) mais quel hit : tout simplement le morceau de l'année en Jamaïque. Vivement le deuxième opus "A better tomorrow", après son brûlant premier album début 2007.
Busy Signal : Non seulement ses hits de 2007 l'ont maintenu à flot en 2008, mais il a surtout signé l'album dancehall de l'année avec "Loaded". Explosif.
Elephant Man : Un flop avec Bad Boys Records mais Energy God est toujours là. Cette année, c'était avec Gully creepa (Creepa Riddim) et le Nuh Linga (Look Gal Riddim), que le monde a découvert en voyant danser Usain Bolt aux JO, ou encore avec le Sweep.
Mr Vegas : Il a pris tout le monde de court en annonçant sa retraite alors qu'il paradait en haut des charts. Il ne fallait décidemment pas le rater en festival cet été.
Et aussi :
Konshens : La révélation de l'année. Son hit Winner, popularisé par les Jeux Olympiques, l'a rendu incontournable.
Deva Bratt : Deux singles (Out there, Call me name) fracassants et une notoriété grandissante pour le jeune deejay, ralenti par ses problèmes avec la justice.
Assassin : Il a pris de l'ampleur en se détachant de Spragga Benz et en se rapprochant de Buju Banton, surtout en tant que producteur à la tête du label Boardhouse : le Look a Gal et le plus récent Clean Sweep, c'est lui.
Etana : L'artiste féminine de l'année ! Déjà remarquée l'année dernière, Etana est sortie de l'ombre en 2008 avec un premier album réussi qui met en valeur sa jolie voix.
Michael Rose : Plus que jamais de retour sur le devant de la scène. L'ex lead de Black Uhuru n'a jamais été aussi à l'aise parmi la jeune génération, à grand renfort d'autotune.
Queen Ifrica : ses locks ont bel et bien grandis et la petite protégée de Tony Rebel, qui avait déjà fait une belle année 2007, n'a pas déçu en 2008. Vivement la suite.
Bounty Killer : Le grand absent de l'année. Si ses protégés Busy Signal et Mavado cartonnent, lui est resté bien discret. Et on attend toujours l'album de l'Alliance.

- Busy Signal "Loaded" : Après "Step Out", nouvelle bombe lâchée par Busy Signal. L'album dancehall de l'année.
- Rockamovya : le projet "solo" des trois membres fondateurs de Groundation, toujours aussi inspirés et encore plus jazzy.
- Luciano : Roots et méditatif, "Jah is my navigator" a signé en février le retour en force de Luciano. Mais était-ce vraiment une surprise ?
- Perfect "Born dead with life" : Très discret depuis son premier album, Perfect revient avec un deuxième album très solide… et européen.
- Dennis Brown & Friends : Rares sont les rééditions qui valent vraiment le coup. Celle-ci, qui donne à entendre des inédits du Crown Prince of Reggae, en fait partie.
Et aussi :
Mighty Diamonds "Inna de yard" ; Georges Phang "Power House selection", Clive Hunt "The dub dancers", Tiken Jah Fakoly "DVD D'Abidjan à Paris"

C'est un euphémisme que de dire que le cru 2008 des concerts en France ne restera pas dans les annales. Sorti du Reggae Live Tour avec Jah Cure (Voir la vidéo), aucun événement majeur à signaler. Il a fallu se reposer sur les valeurs sûres : Capleton, Sizzla, Anthony B, en bons routiers des scènes hexagonales, ont été à la hauteur de leur réputation. Tout l'inverse de Bounty Killer: le Warlord reste le Warlord mais son show bancal était réduit au minimum syndical (Voir la vidéo). Elephant Man, lui, a carrément fait faux bon (une sombre histoire de passeport).
Une fois encore, l'été en France fut bien maigre : avec un Garance aussi peu attractif que son affiche était mainstream, une nouvelle absence du Ja'Sound en dépit des efforts successifs pour le relancer, et un festival à peine annoncé que déjà annulé à Toulouse (Golden Reggae Voices)… Bref, une fois encore, il fallait se reposer sur le Reggae Sun Ska, qui mène sa barque depuis 11 ans. Les plus chanceux et fortunés se seront donc rabattus chez nos voisins européens, en Allemagne (Summerjam), en Hollande (Sundance Festival) ou en Italie (Rototom Festival). Là-bas, on sait faire perdurer un festival.

C'était l'année du dancehall et de Stephen McGregor (Big Ship) qui profite de la relative baisse de régime de Don Corleon et de Daseca. Les trois labels développent leur propre stratégie : McGregor explore les sons, Corleon monte les bpm, et Daseca travaille ses artistes (Bugle, Serani) à l'ancienne. Plus généralement, la tendance est aux recuts de standards des années 90 tels que les Showtime, Stink, Corduroy et Joyride de Dave Kelly ou encore Scatta qui rejoue son propre Martial Arts avec le Self Defense.
A tout juste 19 ans, Stephen McGregor s'est imposé comme le producteur le plus aventureux. Chiney K, Day Break, Work Out, Day Rave, Advocate : que du bon. Mais le riddim de l'année restera le Unfinished Business (TJ Records) : un recut du Showtime, emmené au plus haut par So special de Mavado et No games de Serani, tous deux entrés dans le Billboard. Sinon, toujours en dancehall, on retiendra, en vrac, deux riddims de Demarco, le Mission (Baby G), et le Warning (Juke Boxx), et enfin le Look a gal (Boardhouse).
Le reggae, lui, est loin d'être aussi actif, et surtout créatif. 2008 n'a pas vraiment ouvert de nouveaux horizons, nous rejouant la même partition à l'image de Don Corleon qui nous refait le coup du Drop Leaf de 2005. Cette année il s'appelle Secret, et manque toujours autant de skank, noyé dans les nappes. Le riddim de l'année, c'est le Rub a dub (No Doubt Records) qui empile les hits (Morgan Heritage, Richie Spice, Etana) et qui sonne le plus reggae en 2008. Entre les deux, on retiendra le Nylon (Juke Boxx), Drop it (No Doubt Records) ou encore le Golden Gate.
La France n'a vraiment pas eu à rougir cette année. Plusieurs jolies réussites sont à remarquer, avec notamment les Strasbourgeois du Tune In Crew avec le solide World Go Round riddim, l'original rub-a-dub des Parisiens d'Heartical (Ministerio del Dub Riddim), et enfin Soul Vybz Records dont le Sunrise Riddim accueille entre autres le meilleur Capleton depuis bien longtemps.

Obama : Rarement un événement extérieur à la Jamaïque aura eu un tel impact sur la production phonographique de l'île. L'élection de Barack Obama a suscité un enthousiasme sans précédent dans le monde entier et la Jamaïque n'était pas en reste. Une foule d'artiste a soutenu le candidat démocrate, ou s'est empressée de le féliciter une fois élu (Lire le focus) .
Jeux Olympiques : Le sacre d'Usain Bolt aux Jeux Olympiques de Pékin a lui aussi poussé les artistes dans les studios. Avant la course, certains, comme Mavado avaient misé sur Asafa Powell, autre sprinter de l'île. Mais la fusée Usain Bolt a tout emporté sur son passage à Pékin, et les artistes se sont précipités en studio pour le féliciter : Sizzla, Elephant Man, Kiprich, Cocoa Tea, Wayne Marshall…
La guerre Alliance / Portmore Empire : Au-delà de la rivalité Vybz Kartel / Mavado, ce sont deux clans qui s'affrontent, l'Alliance de Bounty Killer et le Portmore Empire de Kartel. La confrontation, entretenue depuis des années par les deux artistes à coups de singles assassins, a atteint son pic avec le clash attendu au Sting. Vybz Kartel a pris le dessus sur Mavado mais le clash ne restera pas dans les annales. Surtout, la revanche se fait attendre.

2008 aura vu un nombre impressionnant de sommités nous quitter prématurément, et la litanie des disparitions de pionniers n'aura pas faibli, au contraire. Au premier rang d'entre eux, Alton Ellis, le parrain du rocksteady. Plus qu'un pionnier, il aura contribué à l'internationalisation du reggae, créant la passerelle avec l'Angleterre puis plus tard avec la France en tournant régulièrement avec Aspo.
Johnny Dizzy Moore : Le trompettiste génial laisse un vide derrière lui. La dernière fois qu'on l'a vu sur scène, c'était avec le projet Jamaican All Stars.
Joe Gibbs : son apport à la musique jamaïcaine est immense. Allié à l'ingénieur du son Errol Thompson, le producteur aura eu un impact phénoménal dans les années 70, produisant les plus grands artistes.
Mikey Dread : Décédé le 15 mars 2008 d'une tumeur cérébrale, l'auteur du classique "At the Controls" en 1978 restera pour toujours aux contrôles.
2008 a aussi malheureusement vu les disparitions de Byron Lee, leader des Dragonaires, Cedella Booker Marley, la maman de Bob, Vincent "Tata" Ford, autre mentor de Bob, Roy Shirley, et enfin Eloquent, jeune deejay qui a mis fin à ses jours.
Pour 2009, on attend, dans le désordre :
- Les albums de Kartel chez Stephen McGregor (Big Ship) et Chimney Records.
- Le deuxième album de Mavado, "A better Tomorrow".
- Konshens et I-Octane.
- Le "Soul Pirate" d'Alborosie, toujours inédit chez nous.
- Le premier album de Jah Cure enregistré en dehors de prison ("Jah the universal cure").
- Prochain album de Pressure, composé de reprises de riddims classiques revisités par Don Corleon.
- Terry Linen, exilé pendant un temps au Japon et de retour sur son île.
- Du côté de la nouvelle génération, en 2009 on surveillera encore plus attentivement le nouvel artiste Penthouse Teflon ; Torch ; Laden, le chef de file du Big Ship camp ; et enfin Tifa, Natalie Storm et Timberlee, réunies sous le nom de TNT.
Article écrit par La rédaction
Tags : Alton Ellis (10), Terry Linen (12), Konshens (121), I-Octane (82), Awards (84)
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