Article
Date de mise en ligne : mardi 27 avril 2004 - 11 898 vues UK Cup Clash 2004
Comme d’habitude, voici le petit compte rendu de notre déplacement à Londres pour le UK Cup Clash 2004, qui se tenait le 03 avril à l’Ocean.
Arrivé à Hackney, nous constatons qu’il y a foule et que malgré la pluie beaucoup de filles ont sorti leurs plus belles tenues de soirée : dress to kill !
L’Ocean est un énorme complexe assez classe avec moquette et grands escaliers. Avant d’arriver à la salle, au deuxième étage, une hôtesse remet des tickets de loterie à ceux qui ont des billets pairs : un aller-retour en Jamaïque est en jeu...
La salle est déjà blindée (environ 1500 personnes) quand les MC de la BBC 1 (Robbo Ranks et autres) présentent les sounds, les règles et procèdent au tirage au sort.
Black Kat, le champion du monde en titre jouera en premier, puis Poison Dart de Miami, les italiens de One Love, Classique, le champion anglais de Manchester, Mighty Crown et enfin Tony « mentally ill to kill » Matterhorn, vainqueur de la précédente édition.
Les rounds durent 10 minutes : trois rounds de dubplates et un round de 45 tours, sachant que les rounds 2 et 3 sont éliminatoires. Contrairement au World Clash, un dub fi dub est prévu.
ROUND 1 :
Black Kat
Black Kat » part plutôt bien avec un set certes conventionnel mais bien géré et efficace. Composé pour la plupart de ses anthems (intro accoustique de Tanya Stephens, Jah Cure, Bounty, Sanchez et riddim Far East), il permet au public de se chauffer même si les supporters les plus motivés réclament déjà du « killing ».
Poison Dart
Un set inégal pour Poison Dart qui passe quelques bon sons, avec pas mal de Vibz Kartel (notamment une combinaison avec Tristan palma), des counteractions adressées à Pantha, et des sons plus moyens avec des tunes très classiques. Le public est très mitigé et certains le huent à la fin du round.
One Love
Le sound italien base son premier round sur des counteractions à l’attention de Poison Dart avec Chuck Fender, Sizzla et Beres Hammond. A noter également une bonne combinaison Pinchers/Bounty et des dubs plus connus. Au final, le sound s’en sort plutôt bien et réussi à convaincre au delà de ses supporters.
Classique
Classique commence très classique (Beres Hamond, Gregory Isaacs, Culture…). Ils jouent au moins 5 tunes de Bounty au point que les gens semblent se dire : « en voilà qui ont eu des dubplates gratuits !». Seul Capleton sur le Chrome fait bouger un peu le public : et encore, le sound sort sous les huées.
Mighty Crown
Ils se mettent le public dans la poche en descendant direct Classique. Les japonais annoncent qu’ils vont jouer des platiniums dubplates : Beres, Sizzla , Sanchez, Freddie Mc Gregor pour ne citer qu’eux. Ils jouent même des anciens dubs de Bounty ! A noter un nominatif de Beenie Man sur le Sick avec un couplet juste pour Matterhorn ! Des bons forwards, des dubplates vraiment classiques : le sound a bien géré et le public est présent derrière eux.
Tony Matterhorn
Arrivé sur scène, Matterhorn annonce : « pour ce premier round j’ai pas besoin de faire grand-chose ». Il contre Classique avec Capleton sur le Chrome: « dem a empty gun ». Bon forward. Suit un autre Capleton sur le chrome, au style particulièrement furieux : très original. Il joue aussi un Elephant Man sur le brand new riddim Mad Instrument. Quelques uns le huent pourtant, et plus il en rajoute, plus il leur demande de se taire plus les gens suivent. Il relance le Mad Instrument avec Vibz Kartell puis Buju qui lui ne marche pas trop. Il finit par Cocoa Tea et Sizzla. Peu de tunes ont été jouées mais certaines valaient vraiment le détour. Cependant le public est assez mitigé et ne sait pas trop sur quel pied danser avec le soundman!
Mighty Crown
ROUND 2 :
Black Kat
Pantha repart tranquillement. La 1ère moitié du round est dancehall-roots avec notamment Junior Gong , une counteraction de Jah Cure. Il part ensuite sur le Sick avec son fameux Bounty « everything a Pantha ». Le war tanker prend son temps et joue très peu de dubs dans ce round. Le public le soutient pourtant bien.
Poison Dart
Poison Dart annonce qu’ils ne vont jouer que des « big tunes » et c’est ce qu’ils font (Barrington, John Holt, Junior Reid, Culture). Ils s’attaquent à One Love avec des Sizzla, et à Mighty Crown avec Beenie Man. Le sound joue aussi trois Vibz Kartel mais ne déclenche que peu de réactions.
One Love
One Love base son round sur des nominatifs originaux (dont certains datent du World Clash) et le public suit : Anthony Johnson, Shinehead , Freddy Mc Gregor, la wickeed combinaison Beenie Man /Miss Ting par exemple.
Le sound a su mettre le public de son coté en jouant des tunes très spéciales. Il finit sur Max Romeo encore en nominatif.
Classique
Classique commence sous les huées et joue beaucoup (trop ?) de Bounty : 4 sur le chrome et 3 autres dans tout le round. Ils enchaînent les tunes sans aucun forward. Certains sont plutôt bien comme un nominatif de Beenie Man. Le public veut vraiment les éliminer et le sound sort encore une fois sous les bouhs.
Mighty Crown
Mighty Crown commencent en sortant leur Wyclef pour Poison Dart (ou plutôt Poison Fart : le pet empoisonné !). Ils font ensuite un gros juggling sur le Chrome avec des nominatifs de Vibz Kartel, d’Elie, de Beenie, d’Assassin. Ils s’en prennent à Matterhorn : ils l’accusent d’exploiter son « apprenti » Johnny Killa. Celui-ci aurait été forcé de dormir dans un placard pendant que Matterhorn était occupé avec une demoiselle ! Les Japonais finissent par leur big Sean Paul : « five sounds dead now ». Encore un bon round pour Mighty Crown : de la tchache et des bons tunes…
Matterhorn
Matterhorn donne le micro à son poulain pour se défendre et joue Elie. Il joue du local avec des artistes londoniens en nominatif : bon forward. Il joue 4 Bounty, Elie et Vibz Kartel en nominatif toujours sur le carnavalesque Mad Instrument. Arrivent ensuite Leroy Sibbles, Shinehead, Glen Washington.
Le public est encore assez mitigé mais c’est plus à cause de l’animation de Matterhorn que de la qualité des morceaux.
Le MC annonce alors que Matterhorn a joué un Bounty déjà joué par Classique. Matterhorn argumente en disant que le lyrics était différent. Le MC demande donc à Classique de prouver cette accusation mais ils n’arrivent pas à trouver le tune en question. Le sujet est enterré.
Le public choisit d’éliminer Poison Dart et Classique. Ce vote illustre la différence de niveau qu’on pouvait apprécier dès le 1er round.
ROUND 3 :
Black Kat
Pantha commence avec un Luciano acoustique puis joue Sanchez, Bushman, Bounty : des big tunes déjà connus. Il enchaine une combinaison Mr Vegas/Baby Cham, puis Buju et Sizzla.
Il se permet même de finir une minute avant mais rejoue finalement le brand new Natty King: gros forward.
One Love
Malgré un très bon Michael Prophet nominatif, les italiens s’essoufflent un peu dans ce round. Il continuent les counteractions (deux Jah Cure, Sizzla) et jouent quelques classiques. A noter cependant Jah Mali et du côté DJ, Sean Paul, Cobra, trois Bounty, Capleton ou Assassin.
Le sound donne rendez-vous à Mighty crown pour le dub fi dub et finit sur Buju.
Mighty Crown
Ils s’adressent à Matterhorn pour qui ils balancent un début de set hip-hop: 50 cent deux fois dont le nouveau « I teach you how to stunt », Elie, puis Outcast : le public n’en croit pas ses oreilles !
Leur juggling sur le Mad Instrument avec Kartel, Beenie/Assassin et Capleton enflamme la danse pendant que Samy nous offre une démonstration de Karaté.
Le sound finit sur Jah Cure mettant ainsi la barre très haute pour ce round.
Matterhorn
Il arrive en colère (il n’a pas digéré qu’on l’accuse d’avoir rejoué un tune) et insulte copieusement les autres sounds. Il joue Sizzla puis Kartel en nominatif contre Mighty Crown.
Suivent un autre Sizzla puis Elie. Matterhorn parle beaucoup et balance encore Kartel puis Marshall et Kartel en nominatif. Il finit avec Elie sur le chrome. Un round encore à l’arrache avec des tunes très violents (il a joué les meilleurs Vibz Kartel de la soirée) et une animation façon « grande gueule » !
Matterhorn et One Love sont au coude à coude pour l’élimination : finalement les juges décident très sagement un vote à main levée (les supporters de One Love sont plus mobilisés mais moins nombreux). One Love est éliminé sans l’ombre d’un doute et les trois plus gros sounds restent donc pour la dernière ligne droite.
Une petite frayeur également : une enceinte tombe provoquant un mouvement de foule impressionnant. Pas de blessés heureusement.
Tony Matterhorn
7 INCH ROUND :
Le round de 45 tours offre des sets très variés. Les trois sounds balayent toute la musique jamïcaine, du ska au dancehall hardcore tout en se descendant les uns les autres. Difficile de trouver clairement un vainqueur dans ce round tant les sounds ont joué pour tous les goûts. Mais à la fin il apparaît clairement qu’une partie du public souhaite éliminer Matterhorn. La moitié de la salle le soutient mais une autre moitié le hue. C’est donc lui qui laisse la place pour un dub fi dub entre Mighty Crown et Black Kat.
DUB FI DUB :
La revanche tant réclamé du World Clash offre un beau spectacle. Aucun dub n’est boudé du public, tous les sons joués obtiennent un forward, c’est dire si le niveau est serré. Black Kat mise sur ses classiques : on notera notamment Garnett Silk, Yami Bolo, Gregory Isaacs. Mighty Crown fait un très bon dub fi dub : ils jouent original avec de bonnes combinaisons comme Bob Andy/Marcia Griffith, Morgan/Luciano, Beres/Cutty Ranks. Il obtiennent un gros forward après une counteraction de Georges Nooks qui tombait à point !
Musicalement, c’est vraiment serré mais à la fin des 10 dubs le public décide de remettre le trophée à Black Kat.
« Trophy gwaan a country » comme dirait Pantha.
La victoire revient donc à Black Kat, mais il semble que les sounds présents aient gardé un peu de munitions dans les box pour le Jamaican Clash de Montago Bay qui se déroulait le week-end d’après et qui a vu la victoire de Pantha.
A titre de bilan, on a pu observer des grosses différences de niveaux entre les deux outsiders, Classique et Poison Dart (qui a pourtant mieux joué qu’au World Clash) et les trois sounds déjà rodés (Black Kat, Mighty Crown et Matterhorn). Les italiens de One Love font quant à eux une prestation encourageante : ils ont su garder leur propre style et c’est ce que le public a apprécié. Il faut dire cependant qu’ils n’ont pas trop été ciblé par les autres sounds (ça ne saurait tarder s’ils continuent comme ça !). Matterhorn est resté fidèle à lui-même en faisant rire et en exaspérant le public avec son attitude de pitre, ce qui n’enlève rien à la qualité de ces dubplates. Mighty Crown aurait très bien pu l’emporter et c’est assez incroyable de voir que Pantha a une réelle popularité et qu’il n’a parfois pas eu besoin de jouer des dubs de malades pour s’attirer les faveurs du public.
Décidemment, « everything a Pantha » pour cette saison 2003-2004 !
Article écrit par Benoit Georges & Polo
Photos : http://www.irishandchin.com
Tags : Tony Matterhorn (39)
|
|
|
|
© 1999-2024
RSS
