Chronique écrite par Maxime Nordez le lundi 22 janvier 2007 - 11 560 vues
Collectif parisien formé en 1998, Faya Dub fait partie de ces groupes indépendants qui font la diversité du reggae français. Après plus de 300 concerts en France et à l’étranger, les 8 brillants musiciens de Faya Dub ont indéniablement atteint la maîtrise de leur art. Après "Sings and Plays" en 2001, Faya Dub revient avec "World Wide Reggae", un album qui invite au voyage.
Faya Dub nous propose ici 11 titres instrumentaux aux reliefs variés et aux atmosphères changeantes. Un troisième album particulièrement soigné dans sa réalisation qui met en valeur le savoir-faire de chaque instrumentiste. Comme évoqué par le titre de l'album, les styles musicaux empruntés sont très variés (le tout restant toujours sur une rythmique reggae) et leurs concerts à l’étranger (Angleterre, Bosnie, Belgique, Cayenne, Guyane…) sont sûrement pour quelque chose dans l'ouverture du champ musical de Faya Dub : Bosnia intègre des instruments traditionnels comme le luth, tandis que Hombre plante un autre décor, ibérique cette fois. Si l’excellent Gros Morne Blues rappelle évidemment le one-drop jamaïcain, on y trouve un pont qui lorgne vers la salsa. De même dans l’utilisation de la flûte traversière, on se retrouve propulsés dans les 70’s, au beau milieu d’un album de Jethro Tull. Faya Dub mélange mais sans jamais s’éloigner du reggae. Disque de salon plus que de dancefloor, cet album contient tout de même Regg’n’Roll (rare morceau avec chœurs), un ska enlevé que les Skatalites auraient pu écrire.
Dans chaque composition, on note cette recherche de timbres et cette écriture fine propre au groupe. Pipiri chantant illustre bien cette subtilité, passant par différents climats, commençant légèrement avant de s’enfouir dans le dub puis de monter en puissance sur de superbes harmonies compactes. Une belle réussite. Le titre Loves et son thème de sax sonne comme un classique du jazz. Très présent tout au long de l’album, le sax soprano apporte vraiment un plus et une originalité, soulignant une production impeccable, claire et aérée. Après le succès de Fat Freddy’s Drop, on ne serait pas étonné d’entendre parler davantage de Faya Dub.