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CHRONIQUE

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Chronique écrite par Benoit Georges le mardi 24 juin 2008 - 16 925 vues Recevoir un disque de Pressure Sounds à chroniquer augure toujours un certain plaisir tant le label anglais avec ses belles rééditions sait satisfaire pleinement les amateurs de oldies, en quantité et en qualité. C’est encore une fois le cas avec ce "Every mouth be fed" consacré au petit label Micron Records. Situé sur Retirement road, dans le quartier de Kingston 5, le label et studio, crée notamment par Pete Weston, interviewé dans le livret, fut actif pendant près de 10 ans à partir de 1973. Il offrait aussi la possibilité à des producteurs indépendants de venir réaliser leurs morceaux. Centré sur la période roots 1973-1976, le tracklist ne présente qu’un petit échantillon de tous les talents passés par Micron. Citons par exemple Gregory Isaacs, Delroy Wilson, Leroy Sibbles ou Leroy Smart, absents ici. Mais l’objectif n’était pas tant d’aligner des poids lourds que de démontrer la grande variété d’approches musicales. La sélection mêle ainsi titres chantés (trois pour Junior Byles qui avait réalisé un album pour le label), harmonies vocales avec le magnifique et méconnu Our rights des Defenders, deejays de la vieille école (U-Roy ou Jah Stich) ou plus moderne, comme le redoutable I-Roy (trois titre lui aussi), dub avec deux mixes de King Tubby’s, sans oublier les versions instrumentales signées de maîtres du genre (Tommy McCook pour Tribute to Muhammad Ali, une pièce rare, Bobby Ellis avec Ska baby) ou d’inconnus (le sombre Black organ). Présentés pour la plupart comme les deux faces d’un 45 tours, les titres témoignent de la créativité débordante de l’époque mais aussi des influences de la soul américaine, toujours très prégnantes. En témoigne, trois clins d’œil avec U-Roy et son The right to live sur la version de Curtis Mayfield Keep on moving par Leroy Smart. Leroy Smart à nouveau avec Wherever I lay my hat de Marvin Gaye qui sert de support au Mad mad hatter de I-Roy, enfin, une adaptation de Ain’t too proud to beg des Temptations par Junior Byles. Peter Holdsworth, le boss de Pressure Sounds indique dans le livret très fourni qu'une collection reggae digne de ce nom comporte inévitablement quelques singles estampillés Micron Records. Plusieurs titres peuvent ici y prétendre comme l’énorme Every mouth must be fed de I-Roy sur le riddim Stars, hymne au partage et à la solidarité, qui donne son nom à la compilation, ou le plaidoyer anti-rude boy de Joe Higgs Wages of crime (accompagné d’un superbe dub de Tubby’s). Rarement décevante et toujours riche, la sélection Pressure Sounds tient une nouvelle fois ses promesses. Pendant une bonne heure d’écoute, elle rend un 59ème hommage au patrimoine musical jamaïcain, à sa juste valeur.

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