BARRINGTON LEVY

CHRONIQUE

Réactions  (0)

Chronique écrite par Benoît Georges le lundi 16 janvier 2006 - 12 702 vues Nous sommes en 1979 à Kingston. Henry ‘Junjo’ Lawes se lance dans la production et démarche un talent précoce qui fait déjà beaucoup de bruit dans les sound systems : un chanteur âgée de 15 ans qui répond au nom de Barrington Levy. Junjo n’a pas de studio propre, il travaille donc en louant les studio Channel One, et les Roots Radics, son backing band mythique, pour enregistrer les versions instrumentales (souvent des reprises de Studio One ou de Treasure Isle). Pour les voix, il enregistre au studio de King Tubby, ce qui lui permet de faire dubber ses versions dans la foulée. A cette époque, plusieurs jeunes apprentis travaillent chez Tubby : Philip Smart qui partira pour New York à cette période, Hopeton ‘Scientist’ Brown ou Jammy. Des grands noms en devenir... Le maître Tubby est déjà établi et rôdé. Il se contente souvent de superviser les sessions. En réalité, les jeunes ingénieurs travaillent parfois seuls : ils maîtrisent parfaitement le petit studio et savent ce que leur patron veut entendre. Junjo enregistre donc plusieurs 45 tours de Barrington Levy (avec des versions dubs en face B) qui vont connaître un succès immédiat et transformer durablement la donne musicale avec un nouveau style de dancehall. Trois édition différentes En 1980, les singles de Barrington Levy sont compilés pour son premier album. Celui-ci connaîtra trois édition différentes avec quelques variations dans le tracklisting : "Bounty Hunter" aux Etats-Unis, "Shaolin Temple" en Jamaïque et "Shine Eye Girl" puis "Englishman" en Angleterre. Greensleeves qui édite ce dernier album, sort la même année un classique du dub faisant figurer deux ingénieurs de talent dans un style clash. C’est l’album "Scientist vs Prince Jammy, The big showdown" et sa pochette dessinée figurant un ring de boxe avec une console de mix dans chaque coin. Les deux ingénieurs de génie s’y clashent à coup de dub de Barrington Levy issus de ces premières sessions. L’album sort également en Jamaïque sur Jah Guidance, le label de Junjo Lawes et de Linval Thompson mais le tracklisting est encore une fois différent de l’album Greensleeves. Ce sont ces dubs, numérisés à partir de vinyles, qui forment l’opus "Barrington Levy in dub". Vrai mystère L’écoute en parallèle des deux albums dubs fait apparaître un mix différent sur quatre morceaux qui figurent sur "The big showdown" : Reggae music (ou Don’t fuss or fight), Black heart man, Looking my love et Skylarking. Si cette différence de mix est parfois subtile comme sur Reggae music, elle est particulièrement notable sur Looking my love, qui utilise la rythmique classique du Real Rock ou Skylarking. Alors que Scientist et Jammy magnifiaient le style Tubby avec des mixes très aérés et résonnants, ces dubs sont plus lourds et résolument orientés vers les standards sonores des sound systems jamaïcains de l’époque. Pour le reste, il s’agit d’inédits. On peut ainsi apprécier les versions de Shaolin temple, Wedding ring ou encore le magnifique A yah we deh, désespérément introuvables. Il y a cependant un vrai mystère dans ces dubs : on ne sait absolument pas qui les a réellement mixés. Il est presque certain que ce n’est pas King Tubby en personne pour les raisons évoquées plus haut. Evidemment, on pense à Scientist ou Jammy, qui auraient pu faire plusieurs versions de leurs dubs, mais on ne peut exclure l’hypothèse d’un autre ingénieur. Le mystère reste donc entier. Classiques du reggae et du dub, le premier album de Barrington Levy et sa contrepartie dub de Scientist et Jammys se devaient déjà de figurer en bonne place dans une discothèque reggae. Avec ce "Barrington Levy in dub", la collection s’enrichie de quatre mixes et de six dubs inédits qui feront le bonheur du public averti et de ceux les découvriront.

REACTIONS

Aucune réaction n'a encore été déposée