Le monde du reggae, et bien au-delà, pleure la mort d’Alton Ellis, un des pères fondateurs de la musique jamaïcaine et l’un de ses représentants les plus « soul ». On le savait malade, un cancer des glandes lymphatiques, depuis la fin de l’année dernière : c’est ce matin à Londres, à l’âge de 64 ans, que le parrain du rocksteady s’en est allé.
Issu d’un milieu artistique, Alton Neamiah Ellis a commencé sa carrière musicale par la danse, avant de faire ses premières armes en duo avec Eddy Perkins à Studio One, à la fin des années 50. Influencé comme il se doit par la musique américaine, il n’a vocalement rien à envier aux cadors du R&B et de la soul.
Lorsque le ska déboule en 1962, Alton enregistre ses premiers hits comme Dance crasher, où il affiche des positions anti « rude-boy », qui ne varieront pas d’un iota (il s’opposa même à Bob Marley à l’époque). Mais c’est véritablement l’avènement du rocksteady qui donnera à ce chanteur exceptionnel ses lettres de noblesse. Il donne d’ailleurs son nom à ce style musical avec Get ready, rocksteady, enregistré pour Duke Reid en 1966. Il triple la mise avec Cry tough et Girl I’ve got a date, son plus grand succès international. Il retourne ensuite auprès de « Coxsone » Dodd chez Studio One pour qui il enregistre par exemple I’m just a guy.
Plus méconnues, ses œuvres du début des années 70, pour Keith Hudson ou Lloyd « Matador » Daley, dévoilent une autre facette de son talent : le chanteur romantique s’efface pour laisser parler le rasta et panafricaniste convaincu.
Exilé finalement en Londres à partir de 1973, où il jouit depuis les années 60 d’une grande popularité, il monte son propre label, Alltone, mais enregistre sporadiquement. Il continuera en revanche à se produire dans le monde entier : il y a un an encore, il foulait les scènes françaises.