INTERVIEW :
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Benoit Collin
le jeudi 03 août 2006 - 14 587 vues
Un an seulement après son premier hit (Hungry en 2004), il était déjà présent l’an dernier en Europe, pour annoncer la sortie de son premier album chez Greensleeves. Passé du statut de révélation à celui d’artiste international en moins de deux ans, Fantan Mojah ne fait pas toujours dans la demi-mesure. Pour la première fois en France, il n’a pas démenti la réputation qui le précède, n’hésitant pas à se comparer à Bob Marley lorsqu’il évoque son désaccord avec le label Downsound.
Reggaefrance / Bienvenue Fantan. Parlons d’abord de tes débuts : ton premier nom de scène était Mad Killa… / Exact, mon premier nom était Mad Killa, le deuxième a été Phantom et le troisième est Fantan Mojah.
Etais-tu beaucoup inspiré par Bounty Killer au début ? Je n’ai jamais vraiment eu de liens avec lui, mais c’est un artiste que j’aime depuis longtemps. A l’époque, c’était vraiment sa période et j’aimais sa façon de défendre les plus pauvres.
Tu t’es ensuite dirigé vers la David House. Quel rôle a joué Capleton dans ta carrière ? Capleton a eu un grand rôle dans ma carrière. Il m’a accueilli à la David House et m’a appris le business. C’est en partie grâce à lui que Fantan Mojah est aujourd’hui ce qu’il est, prêt à conquérir le monde. Avant cela vers 1996, j’ai commencé en portant les boxes de Killamanjaro. Cela fait donc maintenant dix ans que je suis là et je suis reconnaissant d’être arrivé là où je suis.
La Jamaïque t’as découvert avec le titre Hungry. Peux-tu raconter l’histoire de cette chanson ? J’ai sorti cette chanson au moment où le cyclone Ivan a dévasté la Jamaïque. Et la chanson a eu un succès immédiat : les maisons avaient été soufflées, les gens avaient faim, rien n’allait plus. C’était donc justement le style de chanson qu’il fallait sortir à ce moment.
Cette chanson a ouvert la porte à une résurgence du reggae « one drop » en Jamaïque… Exact. Fantan Mojah, I-Wayne, Bascom X, Turbulence, Perfect, tous ces artistes.
Ressens-tu une certaine compétition entre cette nouvelle génération d’artistes ? Je ne vois pas ces artistes comme des concurrents. Je ne suis pas là-dedans. Je parle d’égalité des droits et de justice et c’est ce que je chante. Je les considère comme des frères et rien d’autre : je les respecte tous car nous ne sommes qu’un.
En 2004, tu as signé chez Downsound Records. Comment cela s’est-il passé ? J’ai enregistré deux chansons pour Downsound et Joseph Bogdanovich les a écouté trois mois plus tard. Il m’a appelé en disant qu’il était intéressé par ma carrière. A cette époque, je continuais à enregistrer ici et là et à frapper aux portes, mais personne ne semblait encore intéressé. J’avais donc enregistré ces deux chansons pour Downsound et j’étais passé à autre chose. Il m’a appelé un jour en me proposant d’enregistrer plus de titres. J’ai accepté et j’ai enregistré de nouvelles chansons. C’est à ce moment que Hungry est sortie et que la chanson a connu un succès mondial.
Tu as ensuite signé chez Greensleeves pour sortir ton premier album. Y a-t-il une suite de prévue ? J’ai en fait deux autres albums déjà enregistrés pour Greensleeves. La balle est donc dans leur camp.
Sur « Hail the king », il y a la chanson Don’t bow out. D’ailleurs le mix est différent de la version en 45 tours, moins énergiques. Pourquoi avoir choisi ce mix ? Ce n’est pas moi, c’est eux. Moi, je ne fais que chanter une chanson. Greensleeves mixe et masterise en fonction de ce qu’ils veulent sortir. Tout ce que je sais, c’est que j’ai enregistré une bonne chanson. Pour le reste, le mix, la production, c’est à eux de voir. Mais ça reste ma chanson et j’ai eu mon rôle à jouer: je leur ai juste donné des bons cuts pour qu’ils les sortent.
Quelle est la nature du différend entre toi et Downsound Records ? Je n’ai pas de problèmes avec Downsound. Tout va bien entre eux et moi. Mais quelque fois, il faut savoir prendre position comme Bob Marley l’a fait avec Chris Blackwell quand il a voulu monter Tuff Gong. C’est ce que je veux faire avec la création de mon label Macka Tree avec tout la famille Macka Tree : Fantan Mojah, Kashuman, Mr Flash et d’autres encore que vous découvrirez bientôt.
Tu es donc totalement indépendant maintenant ? Oui, je suis indépendant. Mais je l’ai toujours été depuis mes premiers succès car personne n’écrit à ma place. Je n’ai donc pas besoin de rester chez Downsound. Mais je n’ai rien contre eux, je les apprécie encore. Je suis parti à cause de la façon dont j’étais traité. « But love to dem same way ».
Peux-tu nous parler de ton amitié avec Jah Cure et du titre Nuh build great man ? Jah Cure est un de mes amis depuis longtemps, depuis l’époque de Montego Bay. C’était un jeune qui faisait partie de la David House de Capleton. J’ai toujours voulu faire une chanson avec lui, j’ai donc sauté sur la première opportunité. Comme j’étais chez Downsound, je leur ai dit d’aller à la prison pour enregistrer Jah Cure. Ils l’ont enregistré et m’ont ramené le morceau auquel j’ai ajouté ma partie. Et il s’est avéré que la chanson est devenue un hit. Respect à Jah Cure et « free Jah cure », comme tu peux le voir (il montre son T-shirt avec le slogan « Free Jah Cure ».)
Tu as interprété ce titre avec Mr Flash, par contre vous n’avez pas fait votre duo Rastafari is the ruler. Nous manquions de temps. Nous avions une heure, incluant les petites présentations de Kashu et de Mr Flash. Ce sera pour une prochaine fois. Merci au public qui nous a si bien accueilli.
Mr Flash : L’Europe c’est chez nous maintenant. J’adore l’Europe. L’Europe nous a embrassé et c’est à nous maintenant d’embrasser l’Europe. L’Europe nous soutient, nous devons donc aussi soutenir l’Europe.
Quelle est la suite des événements ? La prochaine étape, c’est le lancement du label Macka Tree. Nous avons deux nouveaux singles à sortir de moi et Mr Flash. Vous risquez donc d’entendre Mr Flash sur le prochain album, ainsi que Kashu. Pour ma part, il ne me reste plus qu’à choisir les morceaux pour mon deuxième album car ils sont tous prêts.
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