INTERVIEW :

Propos recueillis par : Benoit Collin & Alexandre Tonus
Photos : Benoit Collin
le lundi 09 octobre 2006 - 9 788 vues
Avant de partir pour la Jamaïque nous avions souhaité rencontrer le chanteur Daville qui a occupé les ondes et le toit des charts pendant tout le mois de septembre avec son hit On my mind. Daville, ex-ARP, se range dans la catégorie "chanteur à dames", avec un timbre cristallin qui n'est pas sans rappeler Sanchez, à la différence qu'il en use aussi bien sur du reggae que sur du dancehall. Si sa notoriété n'a pas encore traversé l'Atlantique jusqu'en Europe, elle a néanmoins déjà trouvé le chemin du Japon.
Fraîchement débarqués à Kingston, nous prenons donc rendez-vous avec le chanteur qui accepte de nous rencontrer au studio Big Yard de Shaggy et Robert Livingston. Le bâtiment, au portail aussi imposant que les véhicules stationnant dans la cour, ressemble à une petite villa et cache un studio dernier cri, l'un des meilleurs de l'île nous dit-on. Nous y croisons d'ailleurs Christopher Birch du label Birchill (producteur entre autres des riddims Military ou Cry baby) et Shaggy, l'artiste maison.
Daville qui est ce jour là en session pour le producteur Shane Brown du label Juke Box nous reçoit avec le sourire et se pose avec nous dans le jardin du studio. Rencontre.
Reggaefrance / Ton père était une star dans les années 70. Comment cela a-t-il influencé ta carrière ? / Je peux dire une chose, c’est qu’il a été la première personne à m’amener dans un studio pour que j’y fasse ma première chanson. Mais en termes d’influence, pour ce qui a été de me dire « rencontre cette personne » ou « va là et fais ça, fais les choses de cette façon » ou encore « mon fils, tu fais de bonnes choses, j'aime bien ce que tu fais », je n’ai jamais eu droit à ça. Je peux donc dire que je n’ai pas été influencé par lui dans ce sens.
Comment en es-tu venu à chanter ? Ca fait longtemps que je chante, depuis mon enfance. Mais je n’ai commencé à faire ça professionnellement qu’à partir de l’âge de 14 ans. C'est à cet âge que j'ai enregistré ma première chanson, alors que j’étais encore à l’école.
Tu as ensuite rejoint la formation vocale ARP. La fondation d’ARP remonte à ma jeunesse, à mes années d’adolescent. A l'époque, j’étais dans ma dernière année scolaire. J’étais dans un bus un jour, en rentrant de l’école, et j’ai rencontré un ami qui savait qu’un groupe était en train de se monter. Il m’a dit que ce serait bien si j’acceptais de faire partie de ce groupe, car il savait que j’aimais la musique et que j’étais déjà engagé dans cette voie en tant que chanteur.
ARP rappelle un peu la tradition des groupes vocaux jamaïquains, une tradition remise au goût du jour. Oui, c’est exactement ça ! Et c’est pour ça que je m’y suis intéressé et que je suis devenu un membre d’ARP.
Une autre tradition qui concerne ARP, ainsi que toi en solo, est de faire plein de reprises de gros hits internationaux (comme ceux de Paul Young, KC and Jojo, Britney Spears, Neyo) ; quel est le but de cela ? Well… Je ne peux pas vraiment parler au nom de tous les membres du groupe, puisque je n'en fais plus partie. Mais pour moi, personnellement, j'ai repris quelques chansons parce que c'était mes morceaux préférés dans un genre différent de musique, tout simplement. Je voulais les proposer au public reggae, avec une couleur reggae, une touche "davillienne" en quelque sorte.
Tu as gagné un Reggae Soca Award à Miami, il me semble. Comment l'as-tu vécu ? Non, je n’ai pas gagné l’award malheureusement, j’ai été battu par Shaggy et Rik Rok. J’ai été nominé aux côtés de Marcia Griffiths pour la chanson que nous avons faite ensemble, mais nous ne sommes pas allés au bout. Mais c'était déjà un honneur d'être nominé aux côtés d'artistes comme Shaggy et Rik Rok. Ca m’a beaucoup stimulé.
Ton album “In Heaven” est sorti au Japon avant de sortir en Europe et une tournée de deux semaines au Japon s’en est suivie ; est-ce que le Japon représente un marché important pour toi ? Le marché japonais est très important, au même titre que le marché européen, le marché américain ou le marché des Caraïbes. J’ai une énorme liste de fans au Japon, que je connais, car j’y suis allé et j’ai pu le constater par moi-même. Je n’ai fait qu’entendre parler de l’Europe, je n'y suis encore jamais allé. J’espère vraiment que ça se fera très bientôt, mais je ne veux pas y aller tant que je n’aurai pas de nouvelles chansons pour présenter Daville au public.
Pour ton deuxième album, “Can’t Get Over You”, la démarche a été la même. Il est d’abord sorti au Japon. Pourquoi est-ce si dur de trouver ces albums ailleurs ? C’est très difficile de trouver mes albums en Europe, car j’ai un contrat au Japon, qui ne concerne que le territoire japonais. Je travaille à sortir un album pour les marchés européen et américain et celui des Caraïbes, qui captera l’essence de mes deux premiers albums. Je suis en train d’apporter les dernières retouches à ce projet, et mon nouveau single On my mind se porte plutôt bien pour l’instant.
Cette chanson était récemment première des charts en Jamaïque ; quel a été l’impact sur ta carrière ? L’impact a été tout ce qu’il y a de plus positif.
Tu as fait un morceau avec ARP et Gringo avec des textes violemment homophobes, sur la mélodie de Stand by me. Cela va à l'encontre de ton style lovers… Je suis dans le lovers rock avant tout. Je fais du reggae, je fais de la musique, et quand je fais de la musique, je le fais pour les gens, pour les jeunes et les vieux, pour les hommes et les femmes, quelle que soit leur classe, leur couleur, leur âge ou leurs préférences sexuelles. Pour autant que ça me concerne, je ne pense pas pouvoir dicter aux autres la façon de vivre leur vie, je sais juste comment je veux vivre ma vie. Et je suis un pur amateur de femmes depuis que je suis né.
Est-ce qu’ARP existe encore ou pour toi, n’est-ce plus qu’une question de carrière solo ? Ma carrière solo est ce sur quoi je tiens à me concentrer à présent. Je ne m’imagine plus faire partie d’un groupe actuellement. Il ne s’agît plus que de Daville désormais.
Peux-tu nous parler de tes différents projets ? Mis à part mon album, mon principal projet est d’accéder à toujours plus de reconnaissance et d’obtenir la liberté de faire la musique que j’ai envie de faire, de la façon que j’ai envie de la faire. A côté de l’album, je travaille toujours à certains singles, mais l’album que je prépare actuellement contiendra des titres exclusifs. Je m’emploie à ce que cet album ne soit pas seulement aussi fort, mais plus fort que les précédents.
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