
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Benoit Collin
le dimanche 07 janvier 2007 - 7 608 vues
Londonien d’origine jamaïcaine, Robbo Ranx a grandi avec le reggae au fil de ses expériences dans ses propres sound systems, Tippertone puis Musik Street. S’il avoue n’avoir pas pris la radio au sérieux au début, il s’embarque dans une aventure radiophonique qui va le mener des radios pirates jusqu’à la BBC. Animateur de l’émission hebdomadaire Dancehall Splurt sur la station 1Xtra de la BBC depuis 2002, Robbo Ranx est reconnu pour son professionnalisme, ses interviews à bâtons rompus comme avec Sizzla ou Bounty Killer et pour les nouveautés qu’il diffuse souvent en exclusivité, plusieurs semaines avant les sorties.
Devenu l’une des voix les plus importantes du reggae en Angleterre, il continue de promouvoir la scène locale et d’informer à la fois sur le reggae dans le monde entier. Par deux fois, Robbo Ranx avait ainsi permis à l’équipe de Reggaefrance de témoigner dans son émission. Il reste cependant fidèle à ses débuts et se produisait pour la première fois à Paris à l’occasion de la soirée Demolisha du mois dernier. Nous en avons profité pour l’interroger à notre tour.
Reggaefrance / Tout d’abord, comment as-tu trouvé la soirée d’hier ? Robbo Ranx / Mon show était dingue ! Je suis déjà venu à Paris il y a environ 7 ans avec le Ruff Cutt band, Chukkie Starr et Starkey Banton. D’après ce que j’en avais vu, le public était assez roots. Mais maintenant je m’aperçois que le dancehall est devenu un vrai phénomène en France. Je ne m’attendais pas à ce que le public ait autant d’énergie, j’ai été surpris. J’espère revenir en France parce que j’ai bien aimé comment certains des chanteurs présents sonnaient.
Tu es né et tu as grandi en Angleterre. Où exactement et dans quel contexte ? A l’ouest de Londres, Paddington. Je viens d’une famille jamaïcaine : je suis un «country boy» !
Je suppose que tu es entré très tôt en contact avec le reggae, dès l’enfance… En fait ce n’est pas moi qui suis entré en contact avec le reggae mais plutôt le reggae qui est entré en contact avec moi. Depuis mon plus jeune âge, le reggae était présent dans mon environnement : j’ai grandi en écoutant du reggae à la maison, Gregory Isaacs, John Holt… Je viens d’une zone en Angleterre où beaucoup de Jamaïcains se sont installés : Paddington, West London, Ladbroke Grove, Harrow Road… C’est un endroit où la plupart des immigrés des Caraïbes se sont installés. Le reggae était donc présent autour de moi depuis le premier jour : je n’étais même pas conscient d’écouter du reggae quand j’étais jeune parce que c’est ce qu’écoute toute la famille, ça m’entourait. Mais j’ai écouté plein d’autres styles de musique : quand j’étais à l’école, j’aimais le hip-hop, Michael Jackson ou le break-dance mais à la maison, c’était le reggae.
Tu formes alors le sound system Tippertone avec des amis… Pour la plupart des jeunes jamaïcains en Angleterre, dans les années 80, il était normal d’être affilié à un sound system. Quand j’étais jeune, être affilié à un sound system était une façon d’être quelqu’un dans ta communauté. Chaque communauté avait son sound. Il y avait même des communautés avec trois ou quatre sound systems. Quand j’étais au lycée, je me suis regroupé avec trois amis et nous avons commencé à mettre notre argent de poche de côté pour acheter des disques. L’étape suivante était le sound system en lui-même : acheter des enceintes, une platine. C’est comme cela que nous avons commencé.
Vous aviez choisi votre nom par rapport à Lord Tippertone en Jamaïque ? Non, il y avait déjà un Tippertone en Angleterre. Quand on était jeunes, on s’inspirait du nom des autres. A l’époque, il y avait tous ces noms en « ranking » : Ranking Toyan, Ranking ceci ou cela. J’ai donc choisi le nom de Ranking.
Tu avais déjà ton nom de Robbo ? Non, c’était juste Ranking. Robbo vient de mon prénom : Robinson. Tout ça pour dire que tu fais comme les aînés, comme les plus grands. Tu as tendance à copier le nom, le style, le son…Il y avait un Coxsone en Angleterre, il y avait un King Tubby’s et il y avait donc un Tippertone qui vient de Tippertone.
Tu étais deejay à l’époque… Oui, j’étais plutôt deejay. Je deejay toujours aujourd’hui mais les nouveaux riddims vont trop vite.
Il y avait plusieurs artistes sur le sound, dont General Levy… General Levy, Sweetie Irie ou Cinderella étaient des deejays sur le sound. A l’époque, chaque sound avait ses deejays mais les deejays avaient l’habitude d’aller d’un sound à l’autre. Des artistes comme Tippa Irie, Nereus Joseph, Richie Davis, Crucial Robbie pouvaient venir et deejay sur le sound. On avait chacun nos sounds mais quand on faisait des nuits ou des carnavals, tous les artistes passaient et venaient prendre le micro. C’était normal à l’époque.
En 1989, tu montes ton propre sound, pourquoi ? Le sound a vraiment commencé en 1989. J’ai commencé jeune : à quatorze ans je jouais déjà dans un sound. Je jouais aux danses de Saxon ou Coxsone à seulement 16 ans. En 1989, j’étais adolescent et le sound s’est séparé en quelque sorte : des deejays ou des mcs ont quittés le sound et sont partis faire leurs trucs. J’ai senti que je voulais passer à autre chose : produire de la musique. J’ai eu un accident, je me suis cassé la jambe en 1987 ou 1988 ce qui m’a tenu éloigné du sound et je ne pouvais plus aller aux danses. Je restais donc chez moi et j’ai appris à jouer de la musique, du clavier. Et j’ai voulu aller en studio. A cette époque, mon cousin travaillait à fashion Records où il était l’un des ingénieurs. Donc quand je me suis cassé la jambe, j’allais m’asseoir au studio et j’écoutais ce qu’ils produisaient. A cette époque, Fashion était un grand label et c’était une inspiration. J’ai donc monté d’abord mon propre label. Je l’ai appelé Musik Street et le sound system s’est développé par la suite. J’ai commencé par enregistrer les artistes que je voyais travailler à Fashion.
A l’époque, il y avait un vrai besoin d’enregistrer les deejays sur disques… Oui, à l’époque le reggae était en transition. Saxon était un des plus grands sounds d’Angleterre à la fin des années 80 mais la scène live était un peu en déclin car les artistes quittaient la scène pour enregistrer des disques. Smiley Culture a amorcé la tendance, ainsi que Papa Levi, qui était l’un des meilleurs deejays live. Beaucoup d’artistes souhaitaient enregistrer, c’est pourquoi j’ai commencé à produire des disques moi-même. C’était à la fin des années 80 mais après deux ou trois ans, j’ai commencé à m’ennuyer : non pas à cause de la production en tant que telle, mais je voulais retourner dans les danses pour jouer les artistes que j’avais enregistré. En 1991, 1992, j’ai donc lancé Musik Street sound system et c’était surtout pour jouer mes disques. A ce moment, j’étais dans l’esprit d’avoir mes artistes, de jouer ma musique, sur mon sound. Jazzy B, du label Soul II Soul est une des personnes qui m’ont inspiré. Il avait son propre sound system et il était aussi producteur, mais pas de reggae : il était plus dans la soul, mais il a crée sa propre structure. J’ai donc pensé faire comme Jazzy B, avoir ma musique et mon sound.
N’es-tu jamais revenu à la production ensuite ? Si. J’ai produis un ou deux disques, par exemple avec Jack Radics, Jim Waters, Bobo General ou Gal Gorgon. De bons morceaux. Mais je passais moins de temps dans le studio et de plus en plus de temps sur les routes avec mon sound. En 1991ou 1992, le sound était très populaire. Deux ou trois ans plus tard, il était devenu un des plus gros sounds de West London : entre 1993 et 2000, nous dominions cette zone. C’est pourquoi je n’ai pas vraiment eu le temps de revenir à la production. J’allais dans les studios pour enregistrer des dubplates mais pas de disques.
La deuxième partie de ta carrière commence en 1993 quand tu deviens animateur d’une émission pour une radio pirate… Je n’ai jamais vraiment pris la radio au sérieux. A l’époque, la plupart des gars des sound systems avaient opté pour la radio : Trevor Sax, Jazzy B…Je me suis donc mis à la radio parce que c’était la tendance. Les radios pirates constituaient un phénomène important entre la fin des années 80 et le début des années 90 : les sound systems ont subi la concurrence de plein fouet parce que les radios pirates devenaient plus populaires que les danses. Mais je ne prenais pas trop la radio au sérieux. La radio est devenu une chose sérieuse pour moi en 1997. Avant cela, j’y allais juste pour passer du son et les gens me disaient que j’étais bon. J’ai toujours voulu être un deejay et jouer du son, c’est de là que je viens, mais je ne savais pas que ça allait décoller. C’est ce qui s’est passé pourtant et au bout de cinq à six ans, l’émission était devenu très populaire : les gens aimaient ce que je faisais. Les gens t’encouragent à continuer alors tu continues.
Avant les radios pirates, il n’y avait quasiment que Roddigan qui passait du reggae à la radio ? Oui, à Londres, il n’y avait que Rodigan et Tony Williams. Tu écoutais Rodigan le samedi soir et Tony Williams le dimanche après-midi. C’était au milieu des années 80. Puis les radios pirates ont pris leur envol. A l’époque, Rodigan et Tony Williams ne pouvaient pas contenter tout le monde : Rodigan jouait pendant deux heures le samedi et Tony Williams, pendant deux heures le dimanche. Quatre heures de reggae dans la semaine ! Donc quand les radios pirates sont apparues, elles sont devenues très populaires, au point de tuer les sound systems. Quand je dis tuer, je veux dire que les émissions de radios étaient devenues plus populaires que les danses. Aujourd’hui, et je ne parle que de ce que j’entends, les radios pirates ne sont plus aussi bonnes qu’avant : les gens ont d’autres raisons de les diffuser, la plupart le font pour l’argent, pour vendre de la publicité. Je pense que ce ne sont plus les mêmes principes qu’avant : divertir, amener de nouveaux sons, éduquer les auditeurs sur la musique, promouvoir notre culture…
Comment es-tu passé des radios pirates aux radios commerciales ? Sans vouloir prendre la grosse tête, il faut être bon. Il y avait beaucoup de dj sur la liste d’attente avant moi. Le principe c’était donc de remonter la queue en essayant d’avoir une émission bien reconnaissable pour que les gens se fidélisent. La plupart des animateurs jouaient de la musique sans être informatif. Le reggae a toujours été ma passion, l’objet de ma curiosité, j’ai toujours voulu savoir. Quand j’ai eu la chance d’aller en radio, je me suis aperçu qu’il était très important de partager les informations et de rendre les choses claires pour les auditeurs. La radio n’est pas visuelle, il faut que les choses soient claires pour les auditeurs, tu dois donc poser le décor. C’est ce que je faisais à la radio pour améliorer mon émission : brosser le tableau, poser le décor et être plus descriptif à propos de la musique. C’est finalement ce qui m’a aidé à passer aux radios commerciales. Mon émission était très populaire sur les radios pirates et j’ai été approché par Choice FM. J’ai donc quitté les radios pirates pour Choice.
Comment es-tu entré en contact avec la BBC ? J’ai passé un an et demi avec Choice FM et un jour j’ai eu un coup de fil à la radio : quelqu’un attendait pour me voir à la réception. Nous sommes sortis et il m’a dit qu’il était de la BBC, qu’ils allaient lancer une nouvelle radio et qu’ils aimeraient me faire venir. Au début, je n’y ai pas cru puis je lui ai dit que tout allait bien pour moi à Choice et qu’il n’aurait qu’à revenir dans six mois. J’ai donc continué à Choice. Mais il m’est apparu assez tôt que le projet 1Xtra de la BBC allait vraiment faire un raz-de-marée grâce à internet. J’ai repensé à cela encore et encore et je me suis dis : « essayons, c’est un nouveau défi. » Je suis donc arrivé à 1Xtra et c’est devenu bien plus important que ce que j’attendais.
Ton public est même devenu international… Oui, internet est un outil très puissant et c’est même encore plus important d’être informatif à propos de la musique. Dès je peux montrer que le reggae est grand, je mets le meilleur et je montre 100% de mon intérêt. Cette émission me donne donc la possibilité de jouer de la musique et de parler de la musique au monde entier. Je suis content de faire ce boulot : être le gars qui explique, qui joue la musique et qui divertit. Parce que les interviews, la bonne presse et la publicité développent aussi la musique. Ce n’est pas seulement la bonne musique en elle-même, car il y a beaucoup de bonne musique. Les professionnels doivent être plus informatifs : nous devons fournir plus d’informations aux auditeurs. Et les artistes doivent être conscients qu’ils doivent prendre en compte les médias. Pas besoin d’être quelqu’un d’extraverti, mais il faut pouvoir être capable de communiquer. Je pense que le reggae n’a pas explosé comme il aurait du dans les année 90 à cause de l’ignorance de beaucoup d’artistes. Beaucoup d’artistes rejettent la faute sur d’autres : ils n’ouvrent pas les yeux. Il y a un besoin d’éducation. Beaucoup d’artistes sont venus et sont repartis parce qu’ils ne savaient pas comment se comporter avec les médias, avec le public ou parce qu’ils ignoraient le côté business. Tout cela doit être développé et c’est comme ça que la musique grandit. De nombreuses personnes ont commis des erreurs par le passé mais les nouveaux artistes comprennent maintenant qu’ils ne peuvent pas rester insulaires. Un des problèmes du reggae et de la Jamaïque en tant que société est d’être trop insulaire, les gens ont peur. De nombreuses fois, ce fut aussi la conséquence d’une mauvaise couverture médiatique : beaucoup de gens dans les médias ont été écrits de mauvaises choses sur le reggae. Shabba Ranks, par exemple, a fait une déclaration dans une émission de télé par le passé et les médias se sont acharnés sur lui. Il y a Buju Banton, qui a enregsitré la chanson Boom bye bye quand il avait 19 ans. Maintenant, Buju a grandi, il a 34 ans et on voudrait encore l’empêcher de se produire pour quelque chose qu’il a dit quand il avait 19 ans ! Beaucoup d’aspects négatifs dans les médias expliquent que les artistes se retiennent de leur parler. Mais les artistes doivent être sages, ils doivent savoir à qui ils parlent, ils doivent avoir cette connaissance des médias.
En parlant de promotion, les artistes anglais se plaignent en général du manque d’intérêt des médias pour le reggae anglais. Tu es l’un des seuls à promouvoir les artistes locaux… Je suis sûr que vous avez le même problème en France. Si tu n’es pas un artiste jamaïcain, tu dois te demander ce que tu peux faire pour élever ton niveau. Les artistes jamaïcains travaillent 24 heures sur 24, tu peux le voir, ils sont dans les studios tous les jours. C’est vrai qu’ils ont accès à tous les riddims mais ils travaillent très durs. J’ai un problème avec les artistes anglais parce qu’ils ne travaillent pas aussi dur. Ils pensent que c’est un droit de jouer leurs disques parce qu’ils sont anglais. Ce n’est pas un droit. Tu dois faire ta promotion, sortir pour faire des shows, aller vers le public. Le Jamaïque a une vraie scène, les artistes gravitent autour de cette scène, ils se produisent, ils vont dans les sounds, font des dubplates et génèrent beaucoup d’intérêt. En Angleterre, certains artistes attendent tranquillement que tu joues leur disque. Mais nous avons de bons artistes, des artistes dancehall qui sont très actifs : Suncycle, YT, Cooga War, Gappy Ranks… Ce n’est qu’une question de temps avant que cette scène ne fleurisse. C’est la même chose en France : vous avez beaucoup d’artistes reggae qui y sont actifs.
Mais en France, nous n’avons pas un label comme Greensleeves, qui est un des plus gros labels de reggae au monde et qui pourtant ne fait rien pour la scène anglaise… J’en ai parlé ouvertement par le passé et j’ai été très critique avec Greensleeves et d’autres labels. Car il n’y a pas que Greensleeves, même si c’est le meilleur exemple d’un label anglais qui n’investit pas dans la musique anglaise. Mais finalement, c’est leur problème et c’est leur entreprise : ils sont libres de faire de l’argent comme ils le souhaitent. Les artistes devraient arrêter de regarder vers Greensleeves : ils doivent faire leur chemin, monter leurs structures. Pas besoin d’attendre Greensleeves pour cela. Il y de nouveaux modes pour diffuser de la musique : internet est un outil très puissant. Bougez-vous !
Tu as l’habitude de jouer les dernières nouveautés jamaïcaines dans ton émission, qu’écoutes-tu en ce moment ? Parlons des artistes dancehall : j’aime bien ce que fait Movado ou Mr Peppa, des nouveaux artistes comme G Mafia ou Munga. Il y a aussi beaucoup de chanteurs. Mais mes artistes préférés restent Morgan Heritage : je les trouve formidables. Ils font le style de musique que j’aimerais voir percer : un grand groupe de reggae qui peut monter sur scène et déchaîner les festivals. Bien sûr, je dis « Libérez Jah Cure », j’aimerais que Jah Cure puisse faire des tournées. Il y a aussi de bons producteurs : Don Corleon est un jeune producteur exceptionnel qui a prouvé en peu de temps que rien ne sert d’être dans le business depuis des années et que tout est dans le son. Il y a beaucoup de bons producteurs en Jamaïque comme Arif Cooper ou Lenkie… Il y a aussi de bonnes collaborations, comme ce que Sean Paul a fait. J’entend tellement de personnes qui le critiquent parce qu’il est soi-disant commercial. C’est idiot de dire cela car Sean Paul est justement celui qui a mis la musique jamaïcaine sur le devant de la scène. Je ne suis jamais critique vis-à-vis d’artistes comme Sean Paul ou Shaggy. Nous avons besoin d’artistes à envier, qui nous inspirent. Il faut que Sizzla, Buju ou Beenie continuent à faire de bons albums, nous avons besoin de bons groupes pour les grands chanteurs qui sont encore en vie : Ken Boothe, Gregory Isaacs… L’avenir est lumineux pour le reggae : beaucoup de gens se lamentent sur les ventes de disques mais c’est une transition. Les gens n’achètent plus de disques comme avant, les labels de reggae, les boutiques, doivent avancer avec leur temps.
Retrouvez l'émission de Robbo Ranx en direct sur www.bbc.co.uk/1xtra/dancehall les mardi (22h-00h) et jeudi (19h-22h).
Remerciements : Tarko / Demolisha
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