Propos recueillis par : Benoit Georges & Sébastien Jobart
Photos : Benoit Collin
le mardi 09 octobre 2007 - 7 676 vues
La simple lecture du tracklist de son dernier album suffit à comprendre : Wayne Wonder n'a rien perdu de son goût pour les chansons d'amour. En les contre-balançant avec des titres dancehall, "Foreva", récemment sorti chez VP, poursuit un sillon brillamment creusé depuis ses débuts à la fin des années 80. Wayne Wonder réunit autour de son nom les amateurs des deux genres. Une double casquette et un alter ego : Suprise, surnom qu'il se donne quand il fait le deejay. Nous le rencontrons à l'occasion du Carnaval de Notting Hill à Londres. L'homme est un fou de travail : en tournée, il transporte avec lui tout l'équipement nécessaire pour voicer ses dubplates.
Reggaefrance / La dernière fois qu'on s'est vus, c'était en 2004. Avec No holding Back sur la BO du film "50 first dates” et ton titre sur le Def Jamaica Project, 2003-2004 a été une période charnière dans ta carrière. / C'est comme percer à nouveau. J'ai travaillé dur pendant des années et que cela se matérialise est une vraie bénédiction. D'abord, la bande originale du film. Ils m'ont contacté et m'ont dit qu'ils me voulaient sur ce projet. C'était un grand moment pour moi, parce que c'était ma première chanson sur une bande originale d'un grand film comme ça. J'en suis très reconnaissant.
Et ton association avec Def Jamaica pour Anything Goes ? C'est un vrai bonheur de travailler avec CNN , et N.O.R.E, le rappeur américain. Ils m'ont emmené sur leur marché.
Après ça, penses-tu que "Foreva" est un challenge ? Je ne vois pas la musique comme un challenge. Je fais de la musique avec tout l'amour de mon cœur, you know. Je veux être sincère avec ce que je fais.
Tu ne te fixes pas d'objectifs ? Ma musique, c'est juste de l'Amour, love on the River Nile.
Il y a plusieurs gros hits sur ce nouvel album : I still believe, Love and affection… Quels sont les nouveaux titres ? For my love, avec Trina est récente, et n'est encore jamais sortie. Tout comme Exposed, avec Showki-ru. Il y a aussi Apart, Between the Sheets… toutes ces chansons sont inédites. Il y en a beaucoup d'autres, et il vous faudra acheter l'album pour les entendre !
L'album est co-produit par Sing So, ton propre label. Mais ce n'est pas ton premier travail de producteur. Non, on a déjà produit Bounce Along et Friend Like Me sur l'album "No Holding Back". Peu de gens le savent, mais on fait ce travail de production depuis 2000. Avoir Singso derrière moi sur cet album me permet d'exprimer ma musique tel que je l'entend.
On connaissait déjà un peu Showki-ru, qu'en est-il de Mr Chicken et Trina ? Mr Chicken est en Jamaïque. Il a été un bon soutien. Une influence musicale au fil des ans, et un bon ami. Avec ce morceau, je voulais contrebalancer l'ambiance lovers rock avec du dancehall. Et Trina… Quand j'ai écrit cette chanson, ça m'a frappé qu'il fallait une voix féminine, rap, dessus. Trina était parfaite.
Le single de l'album est Again, une ambiance lovers donc. Mais ça aurait aussi pu être le dancehall Gonna love you… L'album est un équilibre entre les deux genres, donc les deux auraient pu faire un single. Je m'en remet aux fans désormais. J'aime Again et Gonna Love You, Hotter Than Fire.
Il n'y a pas de Surpriz sur cet album ? Si si, il est là sur Apart, et I Still believe.
Tu as chanté en acapella sur Riddim Up, tu aimes cette ambiance acoustique ? Je fais toujours de la musique avec beaucoup de joie. Je ne connais pas la pression. Ma musique est une vibration, une alchimie, une énergie. Quand je chante, je ne fais que m'exprimer et je me sens libre.
Quels sont tes projets ? Comment dire ? En fait, je n'attend pas un moment particulier pour travailler. Mon studio n'est pas loin, si je veux enregistrer quelques plans je peux le faire. Je ne prend pas spécialement de temps pour enregistrer : je n'arrête tout simplement pas de travailler.
Tu as l'intention de produire d'autres artistes via Sing So ? Parfois c'est un peu difficile, you know. Mais je suis définitivement en train de monter mon crew. Je préfère travailler avec des artistes en développement qu'avec des stars établies. J'ai besoin de m'impliquer dans un développement artistique.
On est au Carnaval de Notting Hill, c'est la première fois que tu t'y rends ? J'y suis déjà venu il y a deux ans. J'ai hâte de m'y rendre. Les gens viennent de toute l'Europe vivre la culture jamaïcaine. La Jamaïque a une telle influence dans le monde. Il faut remercier Bob Marley.
Tu te sens concerné par les élections jamaïcaines ? Je ne suis pas dans la politique, mais dans la musique (i'm not political i'm musical). Au fil des ans, tu vois le même processus se répéter : quelque soit le vainqueur, il essaye de prendre tout ce qu'il peut. C'est comme ça, et ça ne m'intéresse pas. Avec Portia Miller, on peut espérer du changement, c'est une mère de famille. Et les femmes peuvent changer les choses.
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