INTERVIEW :
Propos recueillis par : Philippe Hory
Photos : Niculai Constantinescu
le dimanche 13 juin 2010 - 7 858 vues
Artiste ougandaise soul, le troisième album de Jaqee, "The Land of the free", produit par l'Allemand Teka, embrasse les rythmes reggae. Il était déjà sorti en 2009 (sous le nom de "Kookoo Girl"), avant d'être réédité par Makasound. Jaqee revient avec nous sur son parcours.
Reggaefrance / Comment avez-vous vécu le concert d'hier (le 27/05, ndlr) à La Bellevilloise ? / Personnellement, j’ai trouvé qu’il y avait une très bonne ambiance. J’étais un peu malade en arrivant mais le public m’a renvoyé son énergie et tout s’est bien passé. J’ai vraiment apprécié et j’espère que le public aussi.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? J’ai passé mon enfance en Ouganda jusqu’à l’âge de 13 ans avant que ma mère, mes trois frères et moi nous nous exilions en Suède en tant que réfugiés politiques au début des années 90. Arrivés là-bas, nous avons dû passer un an dans un camp de réfugiés avant d’obtenir un permis de séjour. Nous nous sommes alors installés dans la ville de Gothenburg où j’ai découvert ma passion pour la musique. Maintenant, j’habite depuis un an à Berlin qui est une ville pleine de vie et d’énergie.
Quand a commencé votre envie de devenir artiste ? Cela a démarré doucement vers l’âge de 15/16 ans même si en Ouganda la culture musicale est très présente comme sur tout le continent africain. Mais cela ne fait vraiment que 5 ans que je suis une artiste professionnelle.
Quelles ont été vos influences musicales ? Mes premières influences viennent de la néo-soul dans les années 90 et de Billie Holiday que m’a fait découvrir un professeur à l’âge de 14 ans à travers un exposé que j’avais dû faire sur cette grande artiste. Ensuite j’ai découvert l’univers du reggae et du dancehall sur les radios pirates à Londres où vivait mon frère et que j’ai retrouvé dans les clubs et les sound-systems en Suède.
La communauté reggae est-elle importante en Suède ? Pas vraiment. Le dancehall est assez populaire dans les clubs mais il y a peu d’artistes si ce n’est Million Stylez qui est connu internationalement. La communauté noire étant assez peu nombreuse, le son reggae est peut-être moins naturel qu’en France par exemple.
Comment vous êtes-vous retrouvée sur le label allemand Rootdown Records? Rootdown, par l’intermédiaire de Teka (NDLR : producteur et compositeur pour Rootdown Records) m’a trouvé grâce à Myspace ! Ils m’ont contactée pour participer à leur projet « Koalas Desperados » qui est une collaboration de plusieurs artistes d’Espagne, du Portugal et d’Allemagne mélangeant Hip-hop, Soul et Reggae. Comme l’alchimie était très bonne, Teka m’a dit : « faisons un album ! ». De mon côté je voulais être bien entouré pour faire un album reggae. En Suède, ce n’était pas possible. Rootdown Records a été très sérieux pour la production de cet album. Teka m’a donné les bases musicales et ensuite j’ai commencé à écrire toute les chansons de "Kookoo Girl".
Et ensuite Makasound a repris le projet… Drôle d’histoire ! Après que Rootdown Records ait sorti l’album, "Kookoo Girl" a été distribué au Japon et c’est là que Makasound l’a trouvé ! That’s world wide music !
Comment définiriez-vous votre propre style musical ? On peut l’appeler « Pop reggae » pour cet album. Quand j’écrivais les chansons, je voulais donner une énergie joyeuse avec des textes moins sérieux et lourds de sens comme dans mes premiers albums… même si les paroles sur "Kookoo Girl" ne sont pas si légères.
Que veut dire être une « Kookoo Girl » ? Je pourrais le résumer à être « ironique dans la gravité et sarcastique dans l’amusement » mais c’est aussi très personnel en fait… C’est une façon d’établir mes propres règles, de vivre ma vie…
Pourquoi l’éléphant revient si souvent dans vos chansons ? Mon père vient du « clan des éléphants » et que je trouve cet animal magnifique et très sage. En Ouganda, mon nom de famille est lié à ce fameux clan des éléphants et c’est pourquoi dans « Voodoo Elephant » je dis que mon autre nom est Enjovu, qui veut dire éléphant.
Est-ce qu’un nouvel album est en préparation ? Je travaille dessus. Je ne sais pas quand il sera prêt mais ce sera avec Rootdown Records dans le courant de l’année 2011.
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