INTERVIEW : LLOYD KNIBB
Propos recueillis par : Jah Rebel Traduction : Irie Nation
Photos : DR
le vendredi 20 mai 2011 - 7 057 vues
Le Big Band dans les cieux compte maintenant un musicien en plus. Jeudi dernier, Lloyd Knibb, batteur et original Skatalite, a rendu les armes dans son combat contre un cancer du foie qui avait atteint un stade avancé. Nos confrères de Reggae.be avaient rencontré le musicien lors du dernier passage des Skatalites au Festival Couleur Café à Bruxelles en 2009. Cette interview n’avait jamais été publiée. This one's for you Lloyd !
Reggaefrance / Lloyd, vous êtes souvent crédité comme étant l’inventeur du style de percussion appelé le Burru style. LLoyd Knibb / J’ai appris à jouer le burru avec Count Ossie. A l’époque, je jouais la percussion qu’on appelle le « repeater ». Plus tard en tant que batteur, j’ai intégré certains éléments de cette école dans mon style. (L’histoire de la Jamaïque nous apprend que les esclaves ont amené d’Afrique une forme de percussions appelée le burru. Ce genre originaire d’Afrique de l’Ouest s’est répandu dans les Caraïbes en conséquence du trafic d’esclaves à partir du 15e siècle. Le burru était souvent utilisé dans des arrangements appelés « talking drums » probablement à cause de leur construction selon un plan où il y a un instrument qui fait « l’appel » auquel répond une autre percussion pour la « réponse », comme dans une conversation. Cette conversation peut être entendue quand un musicien joue une série de frappes qui sont suivies pas une réponse de frappes vives de l’autre percussionniste. L’appel et la réponse se retrouvent dans presque toutes les musiques d’origine africaine, ndr.)
Acheter des instruments coûte cher. Comment avez-vous fait pour obtenir votre première batterie ? Ma première batterie avait été faite entièrement à la main, avec des panneaux de bois. Les cymbales et la pédale pour la grosse caisse ont été fabriquées à partir de pièces et de fûts en métal. Il n’était pas facile d’en jouer, mais à l’époque, il fallait que je fasse avec….
Aux débuts des Skatalites, quand vous étiez encore surtout un groupe de studio, comment étiez-vous payés ? Nous étions rémunérés pour chaque morceau que nous enregistrions. Cela a commencé avec une livre (entre 1840 et 1969, la livre jamaïcaine était la monnaie officielle du pays, ndr). On enregistrait pour tous ceux qui nous appelaient : Prince Buster, Randy’s, Duke Reid, Beverly’s, et d’autres encore… Il y avait environ dix studios différents à l’époque donc cela suffisait pour qu’on gagne notre croûte. Nous sommes restés un groupe de studio jusqu’à ce que Tommy (McCook, ndr) ne vienne me dire un jour : « Lloydie, tu as ce tout nouveau beat. Pourquoi est-ce que tu ne formes pas un groupe live ? » Tout simplement parce que je ne savais pas comme écrire de la musique ni comment l’arranger. Je lui ai donc demandé de nous rejoindre comme leader du groupe. Alors Tommy m’a demandé comment je voulais appeler le groupe. Je lui ai dit les « Satellites ». A l’époque, le lancement du premier satellite, le Spoutnik, était sur toutes les lèvres. Mais Tommy m’a répondu : « Non Lloydie, tu joues du ska, appelle le groupe les Skatalites ! » Cette première formation des Skatalites a tenu pendant un an et puis nous nous sommes reformés en 1983 pour jouer au Sunsplash Festival. Maintenant, il y a beaucoup des membres originaux du groupe qui sont morts : Don Drummond, Tommy McCook, Jackie Mittoo, Ronald Alphonso…
 Non Lloydie, tu joues du ska, appelle le groupe les Skatalites !  Tommy McCook était un de vos amis. Quel souvenir gardez-vous de lui ? C’est vrai, c’était un ami très proche. Après le travail, on traînait ensemble, on allait de boîte en boîte. Tommy adorait faire du jazz, c’était un vrai jazzman. Et un gars très bien.
En tant que batteur, vous avez toujours été à l’arrière du groupe. Est-ce que cela ne vous a jamais manqué de ne pas être sous le feu des projecteurs? Eh bien, je suis un des créateurs du son qu’on appelle le ska. Et j’ai joué pour tous les vocalistes légendaires de l’époque, de Bob Marley à Toots Hibbert en passant par Ken Boothe. Cela me suffit comme spotlights !
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