Tour du monde, suite : nous quittons la Lettonie pour rejoindre son immense voisin… Plus vaste pays du monde, la Russie est un territoire riche d'histoire, de traditions et de culture. Moscou, sa capitale, regorge de lieux d'expressions et de découvertes. Pourtant, le reggae a tardé à s'importer ici et la scène reggae n'en est qu'à ses débuts.
Nous rencontrons les Selfplayers à l'occasion du dixième anniversaire de la formation Skalpel, un groupe de ska populaire de la capitale. Fusion de reggae roots, drum & bass, dancehall, hip hop et jungle, leur dernier album, "Vibrations", a reçu un bon accueil. De retour d'une tournée de petites salles en Europe, Daniel et son groupe livrent leurs impressions sur le reggae en Russie, leur façon de travailler et leurs envies futures.
Reggaefrance / Comment est né Selfplayers ? Selfplayers / Daniel : C'est un mélange d'humour et de vérité. Nous faisons tout ce qui concerne notre musique avec nos propres moyens, ça va des compositions aux arrangements, des enregistrements à la diffusion et à la promotion. On gère nos séances photos, nos vidéos ou encore le site internet. Et bien sûr, c'est nous qui jouons nos morceaux sur scène (rires) ! Anton : Nous sommes six dans le groupe, un guitariste, un clavier, un bassiste, deux batteurs et Daniel, notre chanteur. Parfois, nous sommes accompagnés par des choristes, ça change souvent selon nos morceaux. Alexander : Il y a quatre ans que nous jouons ensemble, nous venons tous de Moscou. Je composais des beats hip hop et j'ai rencontré Daniel dans une sorte de communauté musicale. Il voulait monter un groupe pour faire du live, son style était vraiment reggae et dancehall. Comme les deux mouvements sont proches, ça n'a pas posé de problème. Et le reste de Selplayers est arrivé dans la foulée, un ami, l'ami de cet ami, le bouche à oreille en quelque sorte… Anton : Nous venons d'univers différents et ça donne une touche spéciale à ce qu'on fait. Sur l'album "Vibrations" par exemple, aucun morceau ne se ressemble, c'est ce qu'on aime, varier nos compositions... Le style est donné par Daniel mais il est très ouvert à ce que les musiciens peuvent proposer.
Cet album, "Vibrations", est sorti en 2012. Daniel : Oui, l'album est sorti en 2012, il y a dix-sept morceaux dont deux en featuring avec des groupes de reggae russes. C'est vraiment notre projet, de A à Z, fait dans notre propre studio, donc nous en sommes assez fiers. Anton : Nous sommes en cours d'enregistrement du deuxième album, qui devrait sortir en 2013 si tout va bien. "Vibrations" à bien fonctionné et nous le jouons souvent en live donc nous espérons que ça sera la même chose pour le second.
Vous êtes allés en Europe récemment pour faire découvrir votre musique, quelles étaient vos impressions ? Anton : Nous revenons de cette tournée, nous avons joué à Amsterdam, Paris, Strasbourg et nous avons reçu un bon accueil, j'ai l'impression que le courant est passé avec le public. Vasily : C'est quelque chose que nous avons organisé nous-mêmes, on a démarché des salles, des radios, loué une voiture qui pouvait transporter le groupe et le matériel, dormi chez les habitants ou dans des hôtels. On a pris comme ça venait, le système D en gros. Le voyage a été riche de rencontres, avec le public ou d'autres musiciens, c'était assez intense. Et on en a profité pour faire du tourisme.
En Russie, tout le monde s'attend à ce que tu offres ton CD !
Des anecdotes de cette tournée en Europe ? Anton : Beaucoup de souvenirs ! Une chose amusante, nous avons apporté des albums avec nous pour les donner au public, pour la promotion du groupe. Et en France, les gens ne voulaient pas croire que c'était gratuit, certains sont venus nous rendre les albums avec des regards suspicieux ou voulaient absolument nous payer pour repartir avec... C'était amusant pour nous : en Russie, tout le monde s'attend à ce que tu offres ton CD ! Daniel : J'aimerais ajouter que ce n'est pas la première fois que nous sortons de Russie pour promouvoir notre musique, nous sommes allé à Goa, en Inde, pour jouer et aussi pour enregistrer un clip (voir plus bas).
Et en Russie, c'est simple de jouer du reggae ? Anton : On est obligé de travailler à côté bien sûr. En Russie, si tu ne fais pas de pop, tu ne gagnes pas beaucoup d'argent ! Alexander : En plus, nous jouons vraiment plus pour être sur scène et faire de la musique que pour vendre des albums. Nos morceaux sont en téléchargement gratuit sur Internet, nous offrons pas mal de CD... A Moscou, il faut jouer pour être payé, donc nous sommes le plus souvent possible en live ! Daniel : Le reggae et le dancehall sont à leurs débuts ici, le public est présent mais c'est encore assez confidentiel. On sent quand même que de plus en plus de gens s'intéressent à ce genre de musique, ça nous laisse espérer de bonnes choses pour la suite.
Quelles sont vos influences ? Daniel : Il y a Marley évidemment, avec lequel nous avons commencé à découvrir cette musique et aussi Capleton, Buju Banton, Anthony B, Sizzla pour la percussion des paroles. Je pense que le reggae jamaïcain est très puissant, inspiré, c'est une musique positive et chaleureuse, qui change ma perception de ce qui m'entoure quand je l'écoute. La basse et la batterie me font vibrer bien sûr ! Vasily : La Jamaïque est le berceau du reggae et c'est important de connaître la source d'une musique quand tu l'écoutes ou quand tu la joues. Alors le travail de Lee Perry au Black Ark Studio est une base et les artistes qui y sont passés font partie de mes influences. Il y a les Skatalites aussi, Black Uhuru, Burning Spear... Même si il y a beaucoup de changements dans les sons jamaïcains depuis plusieurs années, l'esprit et la tradition originale sont toujours là-bas !
Quelques mots sur la Russie ? Anton : J'aime Moscou, c'est ma ville natale et c'est un endroit où il se passe toujours quelque chose. Chaque jour, chaque nuit, tu peux trouver un concert gratuit, une exposition, un coin où il y a de la vie. L'architecture est magnifique, il y a de grands parcs, c'est très agréable d'y habiter même si la vie y est plus chère que dans le reste du pays. Alexander : Il y a tellement d'opportunités à saisir ici, de nouvelles choses à découvrir tout le temps, c'est très intéressant ! Mais si tu veux vraiment ressentir la Russie, il faut aller hors de Moscou et Saint-Pétersbourg, qui sont un peu des pays à l'intérieur du pays. Tu dois visiter les villages, les lieux reculés, tu y trouveras plus le côté traditionnel russe et sa diversité. C'est un pays tellement vaste, avec des cultures, des manières de vivre et des façons de penser si différentes…
Depuis 20 ans, la population a connu de nombreux changements. Alexander : A la chute du communisme, on a dû apprendre à vivre différemment. Comme partout, il y a eu de bonnes et de mauvaises choses. Des gens ont essayé de se faire de l'argent, un système un peu mafieux s'est mis en place, tout pouvait se négocier, s'acheter, se vendre... Et ceux qui s'en sont le mieux sorti pendant cette période ont des postes très importants aujourd'hui. Anton : Mais on se sent libre maintenant, de voyager, d'entreprendre, de vivre. Le pays s'européanise de plus en plus. De toutes façons, on vit dans un monde qui se globalise, chacun a accès à Internet, à la télévision. Et ce n'est pas forcément bon car les images véhiculées mangent le cerveau des gens, les poussent à consommer tout et n'importe quoi. Pas mal de gens ici, surtout les anciens, parlent avec nostalgie du communisme.
Si vous avez aimé le groupe SELFPLAYERS, vous pouvez acheter leur CD dans le magasin qui se trouve à Skip-A-Dub shop! 4 Rue Bellot, 75019 Paris. Metro: Stalingrad. Phone: 06 78 76 51 03 ! :)
tres bon groupe de reggae music
Quel projet magnifique, en plus vous lui donnez un contenu que vous partagez avec le reste du monde. Merci de nous faire voyager avec vous. Bonne continuation, continuez de collectionner les souvenirs. Bisou from Austria
Un autre pays, un autre groupe, génial ce tour du monde en musique. J'ai hâte d'entendre le reggae version Chine! Belle initiative en tous cas.
Big up up benoit uncle ben
j'aime bien votre concept :) merci pour le taff reggaefrance
C'est étrange mais j'ai eu beaucoup de fois ce sentiment de nostalgie en discutant avec les Russes pendant ce périple. Un proverbe russe dit que pendant le communisme, tu n'avais rien a acheter mais de quoi vivre et que maintenant, les magasins sont remplis mais tu ne peux plus rien acheter... Bref, pas si simple! Mais la musique reste et donne la force, big up Selfplayers!
Un bon groupe ! Pourtant je ne crois pas que les Russes seraient contents si le communisme était revenu ; ) ! Benoît, bravo pour l'article :) !