INTERVIEW
Interview et photos : Filip Flatau
Ces quatre jeunes, issus de Waterhouse (quartier de Kingston qui a vu naître de nombreux grands noms du reggae), sont les futures stars montantes du dancehall.
Andre "Suku" Gray, Kunley McCarthy, Ronaldo "Rumblood" Evans et Mark "Mean Dog" Henry sont les membres de ce crew. Un style original dans leur flow et leurs lyrics les place en tête de la relève dancehall pour le prochain millénium. Malgré un manque de promotion par les médias, le Ward 21 crew vient d'être signé chez Greensleeves pour un contrat de 5 albums. Si ces jeunes sont chanteurs, ce sont également des sélecteurs et des ingénieurs du son qui travaillent assidûment au service du label King Jammys. Introduit par Paul Eliott au studio King Jammys, Andre "Suku" Gray devint le selecta du Jammy's sound system. Ils ont eu l'opportunité de lancer leur propre label : Mentally Disturbed. Ils sont également les auteurs de "Haters" sur le badda badda riddim. Le Ward 21 a une force créative inimaginable, autant dans les riddim que dans les flows. Un nouveau style qui va débarquer bientôt en France.
Reggaefrance / Parlez-nous de vos débuts… / On a commencé très tôt dans les sounds systems, puis dans les studios à faire les ingénieurs du son. On enregistre depuis 1998, car nous avions des facilités pour faire le travail en studio. On créait le riddim, puis on enregistrait la chanson.
Pouvez-vous nous dire d'où vient le nom Ward 21 et sa signification ? Ward 21 est un quartier psychiatrique dans l'université des West Indies. Cela nous représente car nous avons une différente vibe des autres chanteurs. On fait toujours des trucs marrants, pour faire rire les gens. Le nom nous allait bien, donc on l'a gardé.
Où avez-vous eu cette inspiration pour ce flow linéaire ? Eh bien cette inspiration ne nous vient pas d'un seul style particulier mais de différentes influences. La soul, le R n B, le Hip-Hop, Country…
Pensez-vous avoir crée un style qui va révolutionner les choses ? Tout le monde saute quand ils entendent nos riddims. Beenie Man nuit et jour, plus d'autres jeunes qui montent actuellement en jamaique. Donc on peut dire que ça se passe bien. Et on a été signé sur Greensleeves.
Que veut dire "Bellyas" (leur dernier riddim) ? Bellyas a beaucoup de significations. Bellyas veut dire que tu es gourmand, désireux. Bellyas signifie un homme qui a un gros ventre, ou les femmes qui veulent avoir un bébé. C'est comme Badda Badda, qui a de nombreuses significations. Valum (leur prochain riddim, ndlr) signifie que vous devez "Turn It Up".
Une de votre combinaison avec Lexxus s'appelle "Divine Reasoning"... Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? La principale idée de cette chanson est que des fois tu t'assoies pour réfléchir, pour méditer avec toi même. Dans cette chanson, nous avons voulu jouer avec cela en introduisant Dieu comme l'interlocuteur et le maitre de la réflexion de Lexxus. Les dialogues sont comiques, sans vouloir offenser Dieu mais c'est juste pour donner une vibe. Car parfois on se pose des questions et c'est Dieu qui te donne la réponse.
Vous voulez éduquer les jeunes ou seulement les distraire ? Nous avons envie de dire aux jeunes que Dieu est là, car c'est lui qui nous a tous créés. Nous ne savons pas comment nous sommes arrivés sur la Terre, on connaît une infime partie de notre histoire, mais pas tout. Aussi les jeunes ne doivent pas grandir en ayant des sentiments de haine et d'envie sur d'autres jeunes qu'ils ne connaissent même pas. Tu hais quelqu'un mais tu ne le connais pas : cela ne fonctionne pas comme ca. Tu dois aimer les gens car nous somme tous pareils. Peau, chair, sang, os... Et ils doivent savoir qu'ils doivent avoir la foi. Oui, croire en Dieu est principal, car si tu vis dans la souffrance et que tu crois en Dieu, un jour ou l'autre les choses s'arrangeront.
Un de vos gros hit est "Judgment Day". Quel est le message de cette chanson quand vous dites que vous faites fuir les fassy ? Les fassy sont ceux qui vous haïssent sans même vous connaître. Nous on leur dit de s'en aller. Beaucoup d'entre eux ne nous aiment pas parce que nous sommes nice. On n'a pas de prétention, on ne dit pas qu'on vaux mieux que d'autres, nous on marche auprès des gens. Mais on leur fait savoir que beaucoup nous haïssent.
Sur le Bellyas riddim, vous avez déclenché une petite controverse entre Beenie Man et Capleton… On a pas déclenché une controverse, on a juste sortit deux morceaux. On n'est pas responsable des paroles de chacun. On s'est occupé de la production : le mec vient, il chante et nous on sort le titre. Dans le titre de Beenie Man "Heights of Great Man" où il offense Capleton, les gens ne vont pas entendre cette partie du morceau.
Quel titre a été enregistré le premier ? Beenie Man ou Capleton ? Le titre de Capleton a été enregistré en premier.
Donc le morceau de Beenie Man est une réponse au titre de Capleton ? Eh bien, Beenie Man a enregistré son morceau sans réellement se préoccuper de quoi que se soit. Les gens n'entendent pas les propos tenus par Beenie Man sur le morceau. Nous on a rien vu non plus. (moment d'hesitation) Si, on était là, mais on veut pas être responsables de ce qui se passe entre les deux artistes.
Quels sont vos projets pour le futur ? Beaucoup de projets. On a un nouveau riddim, un nouvel album qui est sorti, et un tour de promotion qui se met en place pour l'Angleterre.
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