INTERVIEW : THE DYNAMICS
Propos recueillis par : Benoit Collin & Sébastien Jobart
Photos : DR
le mardi 27 novembre 2007 - 6 195 vues
Avec "Version Excursion", un premier album constitué exclusivement de reprises, les Lyonnais de Dynamics ont touché le jackpot. Il faut dire qu'ils n'ont pas seulement repris des standards de la soul, cheminement classique des artistes reggae, mais ont largement pioché dans un éclectique répertoire rock : les Rolling Stones, White Stripes, Prince, Led Zeppelin, Elvis Presley, Bob Dylan… Des relectures reggae surprenantes, originales, et souvent réussies. Interview avec trois des cinq membres des Dynamics : Mounam et Stevie Levi, chanteurs et Bruno "Patchworks", producteur et musicien.
Reggaefrance / Vous venez tous d'horizons musicaux différents, ça fait autant d'influences dans le groupe. The Dynamics / Bruno : La musique du groupe est à l'image des musiciens qui le forment. Il y a trois continents qui sont représentés parmi cinq personnes. Et il y a autant d'influences musicales que de profils. Ca vient de partout et de nulle part, et ça se retrouve dans notre musique comme notre quartier, la Croix-Rousse à Lyon.
Vous avez chacun un passé musical, c'est le quartier qui vous a réunit autour de ce projet ? Mounam : Le quartier avant tout. C'est un quartier très dynamique, très cosmopolite. Les rencontres artistiques sont faciles, car il y a un énorme échange dans les soirées, les jams, et les différents projets qui sont développés.
Bruno : Il y a dans ce quartier une bonne ouverture d'esprit, de bons échanges, des rencontres dans les bistrots, dans les studios, sur les scènes. C'est un quartier vraiment propice à la rencontre et à la création.
Comment est né le projet Dynamics, de ne jouer que des reprises ? Bruno : On a adopté une tradition jamaïcaine, comme du temps du rocksteady. La musique jamaïcaine est ouverte sur le reste du monde, les reprises y sont nombreuses. On est complètement dans cette logique et parallèlement à nos compositions, à nos remixs, on a décidé pour le premier album de ne faire que des reprises. Pourquoi ? En prenant des morceaux que les gens connaissent, on repousse peut-être à plus tard la question de l'écriture et de la composition, mais la manière dont on le fait décrit qui on est. C'est une bonne carte de visite pour le groupe : ça montre la diversité et la richesse du groupe en termes d'influences musicales. C'est une sorte d'exercice imposé.
On peut donc s'attendre à des compositions pour le prochain album ? Bruno : Une grande partie du deuxième album est déjà écrite et déjà enregistrée. Ca sera en grande majorité de la composition.
Est-ce qu'en France, c'est une fatalité de faire des reprises pour que ça fonctionne ? Bruno : Il faut le voir dans l'autre sens, comprendre que ça se fait en Jamaïque depuis toujours. En jazz aussi, par exemple. La reprise, pour un musicien, c'est quelque chose de plaisant. C'est un peu à la mode aujourd'hui, mais ça existe depuis toujours. Le plus gros hit des années 80, Tainted Love de Soft Cell, était une reprise de Northern Soul. C'est normal : la musique n'est que la réinterprétation de ce qui a déjà été fait. C'est ça qui fait avancer la musique. La reprise est un exercice logique et normal pour un musicien, quel qu'il soit. C'est naturel. Après, ne choisir que des reprises sur un album, c'est un parti pris, on est d'accord.
Vous vous êtes attaqués à quelques monuments. Comment avez-vous fait votre choix ? Ce sont des morceaux qui ont attiré votre attention ? ou les artistes ? Mounam : Les morceaux. Une bonne basse, de bonnes paroles ou une bonne mélodie…
Bruno : Par exemple Led Zeppelin : Whole Lotta Love on reprend, mais Since I've been loving you on ne va pas la reprendre.
Quelle était votre démarche ? Le tracklist était réfléchi ? Bruno : Il n'y a pas de stratégie, le tracklist est un hasard complet. On ne s'est pas dit qu'il manquait un morceau de rock par exemple. Ca, on n'en est pas capables. Nous, on fait de la musique, on n'est pas là pour penser (rires).
Ce projet est depuis 2003 dans les cartons. Pourquoi autant de temps avant l'album ? Mounam : Pas tant de temps que ça, en fait. On a d'abord sorti des titres en 45 tours.
Bruno : Et puis on est un groupe de scène à la base. C'est le succès des 45 tours qui nous a donné envie de pousser plus loin et de sortir un album.
L'envie de se faire plaisir donc ? Bruno : Oui complètement. C'est un exercice à cinq sur un territoire qui n'est pas forcément notre territoire de prédilection à la base, à savoir le reggae. C'est long parce qu'on ne s'est pas donné d'objectifs, de délais. On ne s'est pas dit : dans six mois, on doit devenir des stars avec les Dynamics. Parce que sinon on serait allé plus vite ! (rires). On a fait quatre 45 tours avant de penser à l'album. Tout cela prend du temps.
A côté de Dynamics, vous continuez à avancer vos projets solo ? Mounam : Oui, tout à fait. Mon projet solo n'est pas simple à définir car il y a toutes mes influences : l'afro, musique électronique, breakbeat, jazz, soul… C'est un mélange de tout ça.
Steve : Je fais un peu de sound system à Lyon en tant que MC, et j'ai un sound en Angleterre aussi.
Bruno : je produis mes projets solos sous le nom de Patchworks, sur un registre plutôt funk. Je produis aussi le disque de Mr. Day (chanteur des Dynamics, absent aujourd'hui, ndlr) et puis des projets jazz aussi. Et beaucoup de trucs underground en reggae aussi, que la décence et l'honnêteté m'interdisent de préciser davantage (rires).
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